1. Qu’est-ce que la polyarthrite rhumatoïde ?

1.1 Généralités

La polyarthrite rhumatoïde (PR) est une maladie inflammatoire chronique, de nature auto-immune, caractérisée par une atteinte symétrique de plusieurs articulations et une variété de symptômes généraux non spécifiques et de manifestations extra-articulaires. Laissée à son évolution naturelle et en l’absence de traitement adéquat, la maladie peut entraîner, à un stade avancé, des limitations physiques importantes ainsi qu’une altération marquée de la qualité de vie.

La PR se manifeste généralement par des douleurs, un gonflement et une raideur ou une difficulté de mouvement dans diverses petites et grandes articulations. Les symptômes généraux, qui précèdent parfois les manifestations articulaires et ont tendance à persister tout au long de l’évolution de la maladie, comprennent principalement la fatigue, les malaises, une légère fièvre, un manque d’appétit et une perte de poids. Les éventuelles manifestations extra-articulaires, qui surviennent généralement lorsque la maladie est déjà installée, touchent principalement la peau, les vaisseaux sanguins, le cœur, les poumons, les yeux et le sang.

La PR est beaucoup plus fréquente chez les femmes que chez les hommes et survient généralement chez les adultes âgés, mais elle peut débuter à n’importe quel stade de la vie et toucher n’importe qui, quels que soient la race, le sexe et la profession.

Le symptôme initial le plus fréquent est la raideur articulaire matinale (surtout dans les articulations des mains et des pieds), qui survient après une nuit de repos et implique une difficulté marquée à se mouvoir. La raideur matinale peut s’accompagner de fatigue, de fièvre, de perte d’appétit et de faiblesse musculaire, apparaissant parfois des semaines ou des mois avant la douleur et les signes d’inflammation articulaire, c’est-à-dire le gonflement, la chaleur et la rougeur des articulations concernées.

L’évolution de la maladie est très variable, certaines personnes stoppant spontanément la progression des lésions, tandis que d’autres ont une évolution à vie. Le plus souvent, cependant, le trouble évolue sur plusieurs années ou tout au long de la vie, avec une alternance de périodes d’exacerbation symptomatique – ou « poussées symptomatiques » – qui durent généralement de quelques semaines à quelques mois, et de périodes de calme relatif ou complet.

Lors des poussées symptomatiques, les articulations touchées sont enflées, gonflées, chaudes, douloureuses et difficiles à bouger, surtout après un repos nocturne. En l’absence de traitement approprié, ces poussées ont tendance à devenir plus fréquentes et durables, de sorte que les articulations touchées deviennent progressivement moins mobiles et que des déformations squelettiques caractéristiques apparaissent. En l’absence de traitement, la PR entraîne le plus souvent une altération significative des fonctions et de la qualité de vie.

Le traitement de la PR consiste en des mesures générales d’hygiène de vie, le repos et l’exercice, ainsi qu’un traitement médicamenteux qui peut faire appel à un large éventail de médicaments et, dans certains cas, certaines interventions chirurgicales peuvent être indiquées. Malheureusement, il n’existe toujours pas de traitement pour guérir la maladie. Cependant, prises ensemble, toutes les mesures thérapeutiques actuellement disponibles peuvent soulager les symptômes et améliorer le pronostic, ce qui a un impact très positif sur la qualité de vie des personnes touchées.

Les meilleurs résultats thérapeutiques sont obtenus lorsqu’un diagnostic précoce est posé et qu’un traitement est mis en place aux premiers stades de la maladie. Il est également très important que la personne atteinte suive rigoureusement les instructions données par le médecin lors des visites de suivi régulières qui sont programmées précisément dans le but de surveiller l’évolution de la maladie.

1.1.1 Maladies auto-immunes et inflammation

Les maladies auto-immunes constituent un vaste groupe de troubles dans lesquels, pour des raisons encore mal comprises, le système immunitaire, responsable de la défense de l’organisme, réagit contre des tissus de l’organisme qu’il identifie par erreur comme étrangers, comme s’ils représentaient une menace.

Parmi les différentes maladies auto-immunes, certaines affectent une structure corporelle spécifique, tandis que d’autres sont systémiques, car les lésions qu’elles provoquent concernent l’ensemble du corps. La PR appartient à ce dernier groupe, car la cible des attaques auto-immunes est le tissu conjonctif, qui remplit essentiellement une fonction de liaison et de soutien et est donc présent dans pratiquement toutes les structures organiques. Pour cette raison, la PR fait également partie des maladies dites conjonctives.

Cependant, dans la PR, les lésions touchent particulièrement les articulations, bien que des lésions de la peau, des vaisseaux sanguins, des os, des yeux et des organes tels que les poumons et le cœur soient également fréquentes.

Les cellules défensives et les anticorps. Le système immunitaire vise à protéger l’organisme contre les éléments menaçants, tels que les micro-organismes ou les cellules tumorales. Parmi les différents composants du système immunitaire, on trouve les globules blancs, ou leucocytes, qui circulent dans le sang et sont répartis dans les tissus dans un rôle constant de « surveillance » : s’ils détectent la présence d’un élément potentiellement dangereux, ils vont tenter de l’éliminer par différents mécanismes.

Il existe différents types de leucocytes, qui agissent de différentes manières. Certains sont spécialisés dans la détection des éléments étrangers présumés, d’autres sont capables de les attaquer directement, et d’autres encore fabriquent des protéines spécifiques pour les neutraliser ou les inactiver. Ces protéines sont appelées anticorps.

Inflammation et auto-anticorps. L’inflammation est la réaction défensive fondamentale qui met le système immunitaire en mouvement face à une menace. Bien qu’une grande variété d’éléments et de mécanismes soient impliqués dans la réaction inflammatoire, le processus inflammatoire peut être résumé comme suit : après avoir détecté un élément étranger potentiellement dangereux, les cellules défensives donnent l’ordre aux vaisseaux sanguins de la zone concernée de se dilater, favorisant ainsi l’arrivée d’un plus grand nombre de cellules et d’éléments défensifs ; mais ces éléments sont accompagnés d’un flux accru de liquide, de sorte que la zone affectée gonfle, appuyant sur les terminaisons nerveuses et les excitant, générant ainsi la sensation de douleur. C’est pourquoi l’inflammation se manifeste généralement par un gonflement, une rougeur, une chaleur et une douleur dans la zone touchée.

Dans les troubles auto-immuns, pour des raisons encore peu claires, les cellules de défense déclenchent non seulement des processus inflammatoires malvenus et souvent persistants, mais produisent également des anticorps qui réagissent contre les propres tissus de l’organisme, et sont donc appelés auto-anticorps. Ces auto-anticorps, associés à des processus inflammatoires répétés et persistants, provoquent les lésions caractéristiques des troubles auto-immuns.

Il existe plusieurs auto-anticorps plus ou moins spécifiques de la PR. Les plus importants sont le facteur rhumatoïde (FR) et les anticorps anti-peptide citrulliné cyclique (anti-CCP). L’identification et l’évaluation de ces auto-anticorps, qui s’effectue par des tests sanguins spécifiques, est l’un des aspects les plus importants que les médecins prennent en compte pour établir le diagnostic, suivre l’évolution et même esquisser le pronostic de la PR.

Ces dernières années, la compréhension des mécanismes et des éléments impliqués dans les processus inflammatoires des troubles auto-immuns a beaucoup progressé. En ce qui concerne la PR, il a été démontré qu’une protéine connue sous le nom de TNF joue un rôle essentiel dans l’initiation et la perpétuation de l’inflammation des articulations. Des médicaments modernes appelés biologiques, qui agissent contre cette protéine, ont donc commencé à être utilisés dans le traitement de la PR, ce qui a conduit à une nette amélioration du pronostic de la maladie.

1.1.2 Anatomie des articulations

Les articulations sont les structures dans lesquelles les os sont reliés et qui assurent à la fois la mobilité et la stabilité des différents segments du squelette. Il existe différents types d’articulations, dont certaines sont fixes et d’autres, la plupart, plus ou moins mobiles. Les articulations mobiles, qui sont celles qui sont touchées par la PR, sont constituées des extrémités de deux ou plusieurs os et d’autres composants tout aussi importants comme le cartilage articulaire, la capsule articulaire et la membrane synoviale.

Les éléments de base de l’articulation sont les os. La forme des extrémités osseuses varie dans chaque articulation, et c’est précisément leur correspondance, c’est-à-dire leur ajustement, qui détermine la mobilité des segments squelettiques concernés. Toutefois, les surfaces osseuses ne sont pas en contact direct l’une avec l’autre, mais sont recouvertes d’une bande de tissu élastique, le cartilage articulaire, qui empêche la friction et l’usure. Dans les grosses articulations, comme les genoux et les hanches, le cartilage articulaire a une épaisseur d’environ 3 à 4 mm, alors que dans les articulations des doigts, il ne fait qu’une fraction de millimètre.

La capsule articulaire est une enveloppe en forme de sac qui entoure toute l’articulation. Elle est constituée de deux membranes, une membrane externe, fibreuse et résistante, et une membrane interne, plus souple, appelée membrane synoviale. La membrane fibreuse est fermement attachée aux os qui sont reliés dans l’articulation et assure la stabilité de la structure. Dans certaines zones, ses fibres forment des bandes attachées aux os, les ligaments, qui assurent la stabilité.

La membrane synoviale tapisse la surface interne de la capsule articulaire et est responsable de la production d’un fluide visqueux, le liquide synovial ou articulaire, qui remplit la cavité articulaire et agit comme un lubrifiant pour réduire la friction entre les structures articulaires. En outre, la membrane synoviale contient des cellules immunitaires et joue donc un rôle prépondérant dans la défense de l’articulation et est le siège de réactions inflammatoires.

Figure 1. Principaux composants d’une articulation mobile

1.1.3 Maladies rhumatismales et « rhumatisme »

Les maladies rhumatismales constituent un large groupe de troubles qui affectent génériquement l’appareil locomoteur ou musculo-squelettique – essentiellement composé d’os, de muscles, de tendons et d’articulations – et qui ne sont pas directement ou immédiatement liés à un traumatisme, notamment les pathologies auto-immunes affectant le tissu conjonctif.

Certaines maladies rhumatismales peuvent se présenter avec de l’arthrite, c’est-à-dire une inflammation d’une ou plusieurs articulations, comme la PR. D’autres, en revanche, peuvent n’affecter que les os, comme dans le cas de l’ostéoporose, ou être dues à un processus dégénératif, comme dans le cas de l’arthrose, la maladie rhumatismale la plus courante.

La spécialité qui traite de ces maladies est connue sous le nom de rhumatologie, mais le terme « rhumatisme » n’a pas de signification définie dans la médecine moderne. Ce terme, qui vient du grec et signifie « flux », était autrefois utilisé dans le contexte de la « théorie de l’humour », lorsqu’on pensait que les maladies rhumatismales étaient causées par le flux d’un humour dans les articulations, provoquant une inflammation. Aujourd’hui, les spécialistes préfèrent ne pas utiliser ce terme.

Tableau 1. Principales maladies rhumatismales

1.1.4 Lésions articulaires dans la polyarthrite rhumatoïde

Les lésions articulaires dans la PR surviennent à la suite d’une arthrite, c’est-à-dire d’une inflammation articulaire.

Le début de l’affection correspond à une inflammation de la membrane synoviale qui tapisse l’intérieur de la capsule articulaire : il en résulte une synovite, caractérisée par une prolifération de divers types de cellules immunitaires et une production excessive de liquide synovial, le tout entraînant les manifestations de l’inflammation articulaire.

Avec le temps, la synovite devient chronique : la membrane synoviale s’épaissit et un tissu cicatriciel invasif appelé pannus se forme dans l’épaisseur de la membrane synoviale, qui se développe dans l’articulation et affecte le cartilage articulaire.

Si la maladie n’est pas arrêtée, au bout d’un certain temps, le pannus infiltre le cartilage articulaire et touche même les extrémités osseuses de l’articulation, ce qui, couplé à l’action des médiateurs chimiques produits par les cellules immunitaires, finit par entraîner une érosion osseuse et une ostéoporose (perte de densité du tissu osseux). A ces stades avancés de la maladie, les lésions articulaires entraînent une raideur et une déformation des articulations.

Figure 2. Articulation avec polyarthrite rhumatoïde

1.1.5 Différences entre la polyarthrite rhumatoïde et l’arthrose

L’arthrose et la PR sont des maladies rhumatismales courantes, en particulier la PR, et certaines de leurs manifestations sont similaires, ce qui peut entraîner des confusions et des malentendus. Cependant, leur origine, leur évolution et leur traitement sont très différents. Les personnes atteintes de PR doivent être conscientes de ces différences, car cela les aidera à éviter les suppositions, à mieux comprendre leur équipe soignante et, en fin de compte, à gérer leur maladie plus efficacement, étant donné que les stratégies thérapeutiques appliquées sont différentes dans chaque trouble.

Causes. La PR est une maladie inflammatoire qui affecte principalement la membrane synoviale, alors que l’arthrose est une affection non inflammatoire, étant un trouble dégénératif du cartilage articulaire.

Facteurs de risque. Les deux troubles partagent certains facteurs de risque, c’est-à-dire des circonstances qui favorisent l’apparition et la progression de la maladie : le sexe féminin (les deux troubles sont beaucoup plus fréquents chez les femmes que chez les hommes), la prédisposition génétique (qui est particulière et différente dans chaque trouble), la ménopause et l’obésité. Cependant, d’autres facteurs de risque sont tout à fait différents. Ainsi, on pense aujourd’hui que le tabagisme, le stress et les infections peuvent contribuer à l’apparition et à la progression de la PR, alors que dans l’arthrose, la profession et l’activité professionnelle sont importantes, ainsi que l’activité physique intense, car les mouvements répétitifs et la surcharge articulaire favorisent l’usure du cartilage articulaire.

Fréquence. Selon des données épidémiologiques espagnoles, la PR ne touche que 0,5 % de la population adulte, alors que l’arthrose est beaucoup plus fréquente : on estime qu’elle touche environ 24 % de la population.

Les blessures. Dans la PR, les lésions sont causées par l’inflammation et ne se développent pas seulement dans les articulations, mais touchent souvent d’autres organes et tissus, comme les poumons, le cœur, la peau et les yeux. Dans l’arthrose, en revanche, les lésions ne se produisent que dans les articulations et ne sont pas de nature inflammatoire.

Articulations touchées. Dans la PR, les articulations les plus fréquemment atteintes sont celles des extrémités (en particulier les doigts, les orteils, les chevilles, les genoux, les épaules et les coudes), qui sont généralement touchées de manière symétrique des deux côtés du corps. Dans l’arthrose, cependant, les articulations les plus fréquemment touchées sont les genoux et les hanches, bien que pratiquement toutes les grandes et petites articulations puissent être affectées, et il est inhabituel que les lésions soient symétriques des deux côtés du corps.

Figure 3. La PR évolue généralement par poussées symptomatiques, au cours desquelles les articulations touchées sont enflées, douloureuses et difficiles à bouger, avec un certain degré de raideur. La douleur dure généralement toute la journée, mais elle a tendance à s’intensifier la nuit et au repos. Quant à la raideur, elle est généralement généralisée, plus intense au réveil et dure généralement plus d’une demi-heure. En outre, des symptômes généraux tels qu’une légère fièvre, un malaise, une fatigue, un manque d’appétit et une perte de poids sont fréquents.

Dans l’arthrose, en revanche, le principal symptôme est la douleur articulaire, qui s’intensifie généralement avec la surcharge et le mouvement, et s’améliore avec le repos. La raideur articulaire est également fréquente, elle est limitée à l’articulation touchée, apparaît après une période d’inactivité, dure généralement moins d’une demi-heure et disparaît rapidement avec l’exercice. De plus, l’arthrose ne provoque pas de symptômes généraux.

Tableau 2. Différences de douleurs et de raideurs articulaires dans la polyarthrite rhumatoïde et l’arthrose

Méthodes de diagnostic. Dans les deux cas, un examen physique complet est effectué et des examens radiologiques sont demandés. Cependant, le diagnostic de la PR nécessite des analyses sanguines et l’évaluation de certains paramètres tels que la vitesse de sédimentation des érythrocytes (VS), le facteur rhumatoïde et certains tests immunologiques.

Mise à jour

1.2 Qui est touché par la polyarthrite rhumatoïde ?

La polyarthrite rhumatoïde (PR) est une maladie relativement courante. Selon les statistiques mondiales, elle touche entre 0,3 et 1% de la population, ce qui signifie qu’il y a actuellement entre 100 et 200 millions de personnes dans le monde qui souffrent de ce trouble.

En Espagne, selon les enquêtes épidémiologiques les plus récentes, la PR touche environ 0,5% de la population adulte, ce qui signifie qu’il y a, au total, plus de 200 000 personnes touchées. Chaque année, quelque 10 000 à 20 000 nouveaux cas sont diagnostiqués.

La fréquence de la PR varie non seulement entre les pays et les régions, mais aussi selon le sexe et l’âge. Ainsi, le trouble est trois fois plus fréquent chez les femmes que chez les hommes et est beaucoup plus fréquent chez les personnes âgées que chez les jeunes adultes, l’âge d’apparition se situant le plus souvent entre 40 et 60 ans. Conformément à ces données, on estime que la PR touche environ 5 % des femmes de plus de 55 ans, chez qui la maladie est 5 à 10 fois plus fréquente que dans la population générale. Malgré ce qui précède, il faut garder à l’esprit que la PR peut apparaître à n’importe quelle période de la vie, sans exclure l’enfance et l’adolescence.

Il faut noter que la PR est plus fréquente chez ceux qui ont une certaine prédisposition génétique à en souffrir, bien que cela ne signifie pas que les enfants et les proches d’un patient sont nécessairement, et pour cette raison, à haut risque de développer la maladie.

Il est également plus fréquent chez les personnes porteuses d’une protéine plasmatique appelée facteur rhumatoïde, soit environ 5% de la population générale. Par conséquent, la détection du facteur rhumatoïde fait partie des tests demandés pour établir le diagnostic et suivre l’évolution de la maladie.

Pour

1.3 Quelles sont les causes de la polyarthrite rhumatoïde ?

Les causes de la PR ne sont pas encore totalement comprises. Ce que l’on sait, c’est qu’il s’agit d’une maladie auto-immune et que des causes ou facteurs génétiques, ainsi que des causes ou facteurs non génétiques, sont impliqués.

Facteurs génétiques. Des facteurs génétiques augmentent le risque de développer la maladie. Les recherches menées ces dernières années suggèrent que la PR est une maladie polygénique, ce qui signifie que plusieurs gènes sont impliqués dans son origine. En particulier, on a identifié l’existence de certains allèles (c’est-à-dire des variations structurelles dans les gènes) qui, par des mécanismes très divers et complexes, pourraient prédisposer au développement de la PR.

La liste des allèles étudiés est longue, mais il a été constaté que certains d’entre eux jouent un rôle important en tant que marqueurs de la maladie, ce qui signifie qu’ils peuvent être utilisés pour établir le risque de développer une PR, pour poser le diagnostic de la PR elle-même et même pour esquisser le pronostic. C’est le cas de l’épitope dit « partagé » (EC), dont les porteurs ont un risque 2,5 à 4,5 fois plus élevé de développer la maladie et qui est présent chez 80% des personnes déjà atteintes de PR.

Ces découvertes génétiques peuvent expliquer pourquoi la PR est plus fréquente dans certains pays et régions, ainsi que dans certaines familles. Par exemple, il a été démontré que la probabilité que des jumeaux identiques (ayant les mêmes gènes) portant les allèles de prédisposition à la PR développent effectivement la maladie est de 30 %. En outre, on estime que, pris ensemble, tous les facteurs génétiques sont responsables de 60 % de la causalité de la PR.

Histoire familiale de PR. Dans cette optique, les antécédents familiaux de PR – le fait que les parents, grands-parents, frères et sœurs ou proches parents d’une personne aient eu ou aient une PR – sont considérés comme un facteur de risque à prendre en compte. Cependant, il convient de souligner que les facteurs génétiques ne sont que des prédispositions et non des déterminants, ce qui signifie qu’une personne porteuse d’un trait génétique favorisant potentiellement le développement de la PR ne développera pas nécessairement la maladie.

Facteurs non génétiques. Les facteurs non génétiques sont également mal connus. Les plus pertinentes sont les infections, les hormones féminines, le tabagisme, le stress, l’obésité et l’alimentation.

Infections. Il a été postulé que les infections par divers virus ou bactéries peuvent déclencher la maladie ou aggraver son évolution. Cette théorie repose sur le fait que la PR s’est parfois présentée d’une manière similaire à des épidémies, et aussi que dans les décennies passées, lorsque les mesures d’hygiène pour prévenir l’infection étaient moins courantes, la maladie était plus fréquente, notamment chez les personnes ayant reçu des transfusions sanguines. Cette théorie n’a pas été prouvée, mais il est probable qu’une explication plus cohérente sera trouvée à l’avenir. Dans tous les cas, il doit être clair que la PR n’est pas une maladie contagieuse qui se transmet directement d’une personne à l’autre.

Hormones féminines. Les hormones féminines, en particulier les œstrogènes, semblent avoir un effet protecteur contre la PR, car on a constaté que l’utilisation de contraceptifs et la grossesse diminuaient le risque de développer la maladie et réduisaient ou retardaient ses manifestations, alors que le contraire est vrai dans la période post-partum et à la ménopause, lorsque l’activité de ces hormones est réduite.

Tabac et stress. Une relation statistique claire a été établie entre le tabagisme et le stress, d’une part, et le risque de développer une PR, en particulier chez les personnes génétiquement prédisposées. Par exemple, il a été démontré que, chez de nombreux patients, les premières manifestations et les poussées symptomatiques de la PR sont précédées par des périodes de stress et/ou une augmentation du tabagisme.

Obésité et régime alimentaire. Il a été démontré que la PR est plus fréquente chez les personnes obèses. Aucun régime alimentaire particulier n’a été démontré comme ayant un effet sur le risque ou le pronostic de la PR, bien qu’il soit probable que les régimes riches en poissons gras aident à réduire l’intensité de l’inflammation articulaire et qu’une alimentation généralement saine soit bénéfique pour prévenir la PR.

Autres facteurs de causalité possibles. Les scientifiques étudient actuellement d’autres facteurs de causalité possibles, tant génétiques que non génétiques, tels que des modifications ou des mutations spontanées des gènes qui régulent la fabrication des nombreuses molécules impliquées dans les processus inflammatoires. Il est probable que les résultats de cette recherche expliqueront pourquoi aucun des facteurs susmentionnés n’a une influence décisive sur l’apparition et la progression de la PR.