André Rigaud

André Rigaud

Benoit Joseph André Rigaud (1761-1811) était le principal chef militaire mulâtre pendant la Révolution haïtienne. Parmi ses protégés figurent Alexandre Pétion et Jean-Pierre Boyer, tous deux futurs présidents d’Haïti.

Vie précoce

Rigaud est né le 17 janvier 1761 aux Cayes, d’André Rigaud, riche planteur français, et de Rose Bossy Depa, une esclave. Son père reconnaît très tôt le garçon métis (mulâtre) comme sien et l’envoie à Bordeaux, où il reçoit une formation d’orfèvre.André Rigaud est connu pour avoir les cheveux grossiers d’un Africain mais le teint d’un Européen. Il portait une perruque aux cheveux doux pour être mieux accepté.

Le révolutionnaire

Après son retour de France à Saint-Domingue, Rigaud est devenu actif en politique ; il a succédé à Vincent Ogé et Julien Raimond en tant que champion des intérêts des personnes libres de couleur à Saint-Domingue (comme on appelait Haïti colonial). Rigaud s’est aligné sur la France révolutionnaire et sur une interprétation des Droits de l’Homme qui garantissait l’égalité civile de toutes les personnes libres.Au milieu des années 1790, avec les soulèvements d’esclaves dans le Nord, Rigaud dirigeait une armée, une force dans les départements de l’Ouest et du Sud. Il reçoit l’autorité de gouverner d’Étienne Polverel, l’un des trois commissaires civils français qui avaient aboli l’esclavage à Saint-Domingue en 1793. Le pouvoir de Rigaud provient de son influence sur les planteurs mulâtres, que l’on trouve principalement dans le Sud. Ils craignaient les masses d’anciens esclaves ; l’armée de Rigaud contenait également des Noirs et des Blancs.

Dans le Sud et l’Ouest, de 1793 à 1798, Rigaud a aidé à vaincre une invasion britannique et à rétablir l’économie des plantations. Bien que Rigaud respecte Toussaint Louverture, le principal général des anciens esclaves noirs du Nord, et son rang supérieur dans l’armée révolutionnaire française, il ne veut pas lui concéder le pouvoir dans le Sud. Rigaud continuait à croire au système de castes de Saint-Domingue, qui plaçait les mulâtres juste en dessous des Blancs et laissait les Noirs au bas de l’échelle, une croyance qui le mettait en désaccord avec Toussaint L’Ouverture. Cela a conduit à l’amère « Guerre des Couteaux » en juin 1799, lorsque l’armée de Toussaint a envahi le territoire de Rigaud. Le comte d’Hédouville, envoyé par la France pour gouverner l’île, encourage la rivalité de Rigaud avec Toussaint. En 1800, Rigaud quitte Saint-Domingue pour la France après sa défaite contre Toussaint Louverture.

Expédition Leclerc

Rigaud revient à Saint-Domingue en 1802 avec l’expédition du général Charles Leclerc, beau-frère de Napoléon. Il est envoyé pour déloger Toussaint et rétablir la domination coloniale française et l’esclavage à Saint-Domingue. Après que la Première République française eut aboli l’esclavage dans la colonie en 1794, à la suite de la première révolte des esclaves, le système colonial basé sur l’exportation de produits de base provenant des plantations de canne à sucre et de café avait été mis à mal. La production de sucre a chuté de manière significative et de nombreux planteurs blancs et mulâtres survivants ont quitté l’île en tant que réfugiés. Beaucoup ont émigré aux États-Unis, où ils se sont installés dans des villes du sud comme Charleston et la Nouvelle-Orléans. LeClerc a d’abord réussi à capturer et à déporter Toussaint, mais les officiers de Toussaint ont mené l’opposition des troupes indigènes haïtiennes ; elles se sont battues pendant deux années supplémentaires. Vaincue par la maladie et la résistance haïtienne, la France retire ses 7 000 soldats survivants en novembre 1803, soit moins d’un tiers des forces envoyées sur place. Jean-Jacques Dessalines, un Noir du Nord, mène Saint-Domingue à la victoire et à l’indépendance, déclarant le nouveau nom de la nation comme Haïti. Il se déclara finalement empereur.

Rigaud retourna en France après l’échec de l’expédition en 1802-1803. Pendant un temps, il est retenu prisonnier au Fort de Joux, la même forteresse que son rival Toussaint, où ce dernier meurt en 1803.

Expédition finale

Rigaud retourne une troisième fois en Haïti en décembre 1810. Il s’établit comme président du département du Sud, en opposition à la fois à Alexandre Pétion, un mulâtre et ancien allié dans le Sud, et à Henri Christophe, un Noir qui prend le pouvoir dans le Nord. Peu après la mort de Rigaud, l’année suivante, Pétion récupère le pouvoir dans le Sud. La tombe de Rigaud se trouve sur une petite colline entre Camp-Perrin et Les Cayes, qui est maintenant divisée en deux pour faire une nouvelle route afin de faciliter le transport.

Notes

  1. McGlynn et al. (1992), p. 175
  2. 2.0 2.1 2.2 2.3 « La révolution haïtienne de 1791-1803 ». Archivé de l’original le 4 janvier 2007. http://web.archive.org/web/20070104084850/http://www.webster.edu/~corbetre/haiti/history/revolution/revolution1.htm. Consulté le 2006-11-27.
  3. Rogozinski, Jan (1999). Une brève histoire des Caraïbes (édition révisée). New York : Facts on File, Inc. pp. 170-173. ISBN 0-8160-3811-2.
  • James, C. L. R., Les Jacobins noirs, deuxième édition révisée, 1989
  • Kennedy, Roger G. (1989). Les ordres de la France : Les Américains et les Français dans un monde révolutionnaire, 1780-1820, New York : Alfred A. Knopf. ISBN 0-394-55592-9.
  • McGlynn, Frank ; Drescher, Seymour, Le sens de la liberté : Economics, Politics, and Culture after Slavery, University of Pittsburgh Press, 1992, ISBN 0-8229-5479-6
  • Parkinson, Wenda (1978). This Gilded African, Londres : Quartet Books. ISBN 0-7043-2187-4
  • Rogozinski, Jan (1999). Une brève histoire des Caraïbes (éd. révisée). New York : Facts on File, Inc. ISBN 0-8160-3811-2