Arcadius

Naissance et règne jusqu’à la chute d’Eutropius (377-399)Edit

Arcadius est né en 377 en Hispanie, fils aîné de Théodose Ier et d’Aelia Flaccilla, et frère d’Honorius, qui deviendra l’empereur romain d’Occident. En janvier 383, son père déclare le jeune Arcadius, âgé de cinq ans, Auguste et co-dirigeant de la moitié orientale de l’Empire. Plus tard dans l’année, une déclaration correspondante fit d’Honorius l’Auguste de la moitié occidentale. Arcadius passa ses premières années sous la tutelle du rhéteur Themistius et d’Arsenius Zonaras, un moine.

En tant qu’empereurs, les deux fils de Théodose se révélèrent inexpérimentés, capables d’être dominés par des subordonnés ambitieux. En 394, Arcadius a brièvement exercé un pouvoir indépendant avec l’aide de ses conseillers à Constantinople, lorsque son père Théodose est parti à l’ouest pour combattre Arbogastes et Eugenius. Théodose meurt en janvier 395, et Arcadius, qui n’a encore que 17 ans, tombe sous l’influence du préfet prétorien d’Orient, Rufinus. Honorius, âgé de 10 ans, est confié à la tutelle du magister militum Flavius Stilicho. Rufinus avait l’ambition de marier sa fille à Arcadius et d’acquérir ainsi le prestige d’être le beau-père de l’empereur. Cependant, lorsque le préfet fut appelé à Antioche pour affaires (où, selon Zosime, Rufinus fit fouetter à mort Lucianus, le comes orientis, avec des fouets chargés de plomb), on montra à Arcadius un tableau représentant Aelia Eudoxia, la fille du défunt magister militum per orientem franc, Bauto. Voyant l’intérêt du jeune empereur pour Eudoxia, Eutropius, l’eunuque praepositus sacri cubiculi, organisa leur rencontre. Arcadius tomba amoureux et le mariage fut rapidement arrangé, la cérémonie ayant lieu le 27 avril 395. Selon Zosime, Rufinus supposa que sa fille serait toujours la mariée, et ne découvrit le contraire que lorsque le cortège nuptial se rendit à la résidence d’Eudoxia et non à la sienne. L’ascension d’Eudoxia, facilitée par un général rival de Rufin, démontre le déplacement des centres de pouvoir à la cour orientale. Ces batailles d’influence sur l’empereur malléable seront une caractéristique récurrente du règne d’Arcadius.

La première crise à laquelle est confronté le jeune Arcadius est la rébellion des Wisigoths en 395, sous le commandement d’Alaric Ier (r. 395-410), qui cherche à profiter de l’accession de deux empereurs romains inexpérimentés. Alors qu’Alaric marchait vers Constantinople, pillant la Macédoine et la Thrace, la cour orientale ne pouvait offrir aucune réponse, car la majorité de son armée était partie en Italie avec Théodose et était maintenant aux mains de Stilicon. Sentant peut-être une opportunité d’exercer le pouvoir dans la moitié orientale de l’empire également, Stilicon déclara que Théodose l’avait fait tuteur de ses deux fils. Il voyagea vers l’est, apparemment pour affronter Alaric, à la tête de ses propres forces et des mercenaires gothiques que Théodose avait emmenés à l’ouest lors de la guerre civile avec Eugenius. Arcadius et Rufinus se sentent plus menacés par Stilicon que par Alaric ; en débarquant en Thessalie, Stilicon reçoit l’ordre impérial d’envoyer les régiments orientaux, mais lui-même ne doit pas aller plus loin. Stilicon s’exécuta, se repliant sur Salona tandis que Gainas conduisait les mercenaires vers Constantinople. Arcadius et son entourage reçurent Gainas au Campus Martius, une place d’armes adjacente à la ville, le 27 novembre 395. C’est là que Rufinus fut soudainement assassiné par les Goths, sur les ordres de Stilicon et peut-être avec le soutien d’Eutropius. Ce meurtre a certainement créé une opportunité pour Eutropius et pour la femme d’Arcadius, Eudoxia, qui ont pris la place de Rufinus comme conseillers et gardiens de l’empereur.

Alors qu’Eutropius consolide son emprise sur le pouvoir dans la capitale, le gouvernement distrait ne réagit toujours pas à la présence d’Alaric en Grèce. Au début, Eutropius peut avoir coordonné avec Stilicon autour de la défense de l’Illyricum ; en 397, lorsque Stilicon dirigea personnellement un blocus qui contraignit Alaric à se retirer en Épire, l’atmosphère de la cour orientale avait changé. Comme ni Arcadius ni Eutropius ne tenaient à ce que Stilicon intervienne dans les affaires de l’empire d’Orient, ils ne fournirent aucune autre aide militaire à Stilicon, qui abandonna alors le blocus des Wisigoths. À l’instigation d’Eutropius, Arcadius déclare Stilicon hostis publicus et conclut un accord avec Alaric, le nommant magister militum per Illyricum. À peu près au même moment, la cour orientale persuada Gildo, le magister utriusque militiae per Africam, de transférer son allégeance d’Honorius à Arcadius, provoquant une nouvelle détérioration des relations entre les deux cours impériales.

L’influence d’Eutropius dura quatre ans, pendant lesquels il chercha à marginaliser les militaires et à promouvoir les fonctions civiles au sein de la bureaucratie. Il fit juger deux officiers militaires de premier plan, Timasius et Abundantius. Il fait également introduire par Arcadius deux innovations administratives : le fonctionnement du cursus publicus (office de maître de poste général) et l’office chargé de la fabrication du matériel militaire est transféré des préfets prétoriens au magister officiorum (maître des offices). D’autre part, la fonction qu’occupait Eutropius, le praepositus sacri cubiculi (grand chambellan) se voit attribuer le rang d’illustris, et donc l’égalité de rang avec les préfets prétoriens. À l’automne 397, il promulgua une loi au nom d’Arcadius, visant les militaires romains, où toute conspiration impliquant des soldats ou les régiments barbares contre les personnes ayant le rang d’illustris était considérée comme une trahison, les conspirateurs étant condamnés à mort, et leurs descendants étant privés de la citoyenneté.

Bien qu’en 398, Eutropius ait mené une campagne réussie contre les Huns en Arménie romaine, le fait qu’il ait convaincu Arcadius de lui accorder le poste de consul pour 399 a déclenché des protestations dans tout l’empire. Pour les traditionalistes, l’octroi de la consulship à un eunuque et ancien esclave était une insulte au système romain et aux autres Romains contemporains, et la cour occidentale refusa de le reconnaître comme consul. La crise s’aggrave lorsque les Ostrogoths, installés en Asie Mineure par Théodose Ier et dirigés par Tribigild, se révoltent et exigent la destitution d’Eutropius. L’empereur envoie deux forces pour faire face à Tribigild ; la première, commandée par Leo, est vaincue. La seconde, commandée par Gainas, rival d’Eutropius à la cour d’Orient, retourna auprès d’Arcadius et fit valoir que les Ostrogoths ne pouvaient être vaincus et qu’il serait raisonnable d’accéder à leur demande. Bien qu’Arcadius veuille toujours soutenir Eutropius, c’est l’intervention de sa femme Eudoxia qui a finalement amené Arcadius à prendre une décision contraire à sa volonté, qui voyait une opportunité de se débarrasser du puissant rival et de le remplacer comme principale figure influente sur Arcadius. Arcadius destitua donc Eutropius et l’envoya en exil (17 août 399), avant de le rappeler pour qu’il soit jugé et exécuté au cours de l’automne 399. L’édit impérial émis par Arcadius détaillant le bannissement d’Eutropius survit:

Les empereurs Arcadius et Honorius, Augusti, à Aurélien, préfet prétorien. Nous avons ajouté à notre trésor tous les biens d’Eutropius, qui était autrefois le Praepositus sacri cubiculi, l’ayant dépouillé de sa splendeur, et délivré le consulat de la souillure immonde de sa tenure, et du souvenir de son nom et de la basse souillure de celui-ci ; de sorte que, tous ses actes ayant été abrogés, tous les temps puissent être muets à son sujet ; afin que la tache de notre époque n’apparaisse pas par son évocation, et que ceux qui, par leur vaillance et leurs blessures, ont étendu les frontières romaines ou les ont gardées par l’équité dans le maintien du droit, ne gémissent pas de ce que la récompense divine des consuls ait été souillée et souillée par un monstre immonde. Qu’il apprenne qu’il a été privé du rang du patriciat et de toutes les dignités inférieures qu’il a souillées par la perversité de son caractère. Que toutes les statues, toutes les images, qu’elles soient de bronze ou de marbre, ou peintes en couleurs, ou de toute autre matière utilisée dans l’art, nous ordonnons qu’elles soient abolies dans toutes les villes, les villages, les lieux privés et publics, afin qu’elles ne puissent pas, comme une marque d’infamie sur notre époque, polluer le regard des spectateurs. En conséquence, sous la conduite de gardes fidèles, qu’il soit emmené dans l’île de Chypre, où votre sublimité saura qu’il a été banni ; afin que là, gardé avec la plus vigilante diligence, il ne puisse pas créer la confusion par ses folles conceptions.

Règne ultérieur et mort (399-408)Edit

Avec la chute du pouvoir d’Eutropius, Gainas chercha à profiter de la situation difficile actuelle d’Arcadius. Il rejoint les Ostrogoths rebelles et, lors d’un face à face avec Arcadius, oblige l’empereur à le nommer magister militum praesentalis et consul désigné pour 401. Arcadius acquiesça également lorsque Gainas demanda le renvoi d’autres fonctionnaires, comme le préfet urbain Aurelianus, ainsi qu’un lieu d’installation pour ses troupes en Thrace. Cependant, Arcadius refusa d’accéder à la demande de Gainas d’une église arienne à Constantinople pour ses mercenaires gothiques, suivant le conseil de Jean Chrysostome, l’archevêque de Constantinople.

En juillet 400, les actions de Gainas avaient irrité une partie importante de la population de Constantinople au point qu’une émeute générale éclata dans la capitale. Bien que Gainas ait stationné ses troupes à l’extérieur des murs de la capitale, il n’a pas pu ou voulu les faire entrer dans la capitale lorsque de nombreux Goths de la ville ont été pourchassés et attaqués. Pas moins de 7 000 Goths ont été tués dans les émeutes ; ceux qui se sont réfugiés dans une église ont été lapidés et brûlés à mort, après avoir reçu l’autorisation de l’empereur, ni été condamnés par l’archevêque de Constantinople, Jean Chrysostome.

Bien qu’ayant d’abord gardé la main (probablement grâce à l’intervention du nouveau préfet prétorien d’Orient Caesarius), Gainas finit par se retirer avec ses mercenaires gothiques en Thrace et se rebeller contre Arcadius. Il tenta de faire traverser l’Hellespont à ses forces pour se rendre en Asie, mais fut intercepté et vaincu par Fravitta, un autre Goth qui occupait le poste de magister militum praesentalis. Après sa défaite, Gainas s’enfuit vers le Danube avec ses partisans restants, mais fut finalement vaincu et tué par Uldin le Hun en Thrace.

Avec la chute de Gainas, le conflit suivant émergea entre Eudoxia et Jean Chrysostome. L’archevêque était un individu sévère et ascétique, qui critiquait vertement tout étalage de richesse extravagante. Mais son ire se concentrait surtout sur les femmes riches, et leur utilisation des vêtements, des bijoux et du maquillage, qu’il considérait comme vaine et frivole. Eudoxia supposait que les dénonciations de Chrysostome sur l’extravagance vestimentaire féminine lui étaient destinées. Alors que les tensions entre les deux hommes s’intensifiaient, Chrysostome, qui estimait qu’Eudoxia avait utilisé ses relations impériales pour obtenir les biens de l’épouse d’un sénateur condamné, prononça en 401 un sermon dans lequel Eudoxia était ouvertement appelée Jézabel, l’infâme épouse du roi israélite Achab. Eudoxia se vengea en soutenant l’évêque Severian de Gabala dans son conflit avec Chrysostome. Chrysostome étant très populaire dans la capitale, des émeutes éclatèrent en faveur de l’archevêque, obligeant Arcadius et Eudoxia à faire publiquement marche arrière et à supplier Chrysostome de révoquer l’excommunication de Sévérien.

En 403, Eudoxia vit une autre occasion de frapper contre l’archevêque, lorsqu’elle jeta son soutien derrière Théophile d’Alexandrie qui présida un synode en 403 (le synode du Chêne) pour accuser Chrysostome d’hérésie. Bien qu’Arcadius ait initialement soutenu Chrysostome, la décision de l’archevêque de ne pas y participer l’a fait changer d’avis et soutenir Théophile, ce qui a entraîné la déposition et le bannissement de Chrysostome. Il fut rappelé par Arcadius presque immédiatement, car le peuple commença à se révolter contre son départ, menaçant même d’incendier le palais impérial. Il y eut un tremblement de terre la nuit de son arrestation, qu’Eudoxie prit pour un signe de la colère de Dieu, ce qui l’incita à demander à Arcadius la réintégration de Jean.

La paix fut de courte durée. En septembre 403, une statue en argent d’Eudoxie fut érigée dans l’Augustaion, près de l’église Magna Ecclesia. Chrysostome, qui dirigeait alors une messe, dénonça les bruyantes cérémonies de dédicace comme étant païennes et s’exprima en termes durs contre l’impératrice : « Hérodias s’extasie à nouveau ; elle est troublée ; elle danse à nouveau ; et elle désire à nouveau recevoir la tête de Jean dans un chargeur », une allusion aux événements qui ont entouré la mort de Jean Baptiste. Cette fois, Arcadius n’était pas disposé à fermer les yeux sur l’insulte faite à sa femme ; un nouveau synode fut convoqué au début de l’année 404, au cours duquel Chrysostome fut condamné. Arcadius hésita jusqu’à Pâques pour appliquer la sentence, mais Chrysostome refusa de partir, même après qu’Arcadius ait envoyé une escouade de soldats pour l’escorter en exil. Arcadius tergiversa, mais le 20 juin 404, l’empereur réussit enfin à faire plier l’archevêque, qui fut emmené vers son lieu de bannissement, cette fois en Abkhazie, dans le Caucase. Eudoxie ne put profiter longtemps de sa victoire, mourant plus tard cette année-là.

Après la disparition d’Eudoxie, Arcadius tomba à nouveau sous la domination d’un membre de sa cour, cette fois le compétent Anthemius, préfet prétorien. Il gouvernera au nom d’Arcadius pendant les quatre dernières années de son règne, cherchant à réparer les dommages causés par ses prédécesseurs. Il tente d’apaiser les divisions de la dernière décennie en essayant de faire la paix avec Stilicon en Occident. Stilicon, cependant, avait perdu patience avec la cour orientale et, en 407, il encouragea Alaric et les Wisigoths à s’emparer de la préfecture prétorienne d’Illyricum et à la remettre à l’empire occidental. Le plan de Stilicon échoue, et peu après, le 1er mai 408, Arcadius meurt. Son jeune fils, Théodose, lui succède

Comme Constantin le Grand et plusieurs de ses successeurs, il est enterré dans l’église des Saints-Apôtres, dans un sarcophage en porphyre qui a été décrit au Xe siècle par Constantin VII Porphyrogenitus dans le De Ceremoniis.

Solidus d’Arcadius.

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