Bertha Pappenheim

EnfanceTraitement

Bertha Pappenheim est née le 27 février 1859 à Vienne, troisième fille de Siegmund et Recha Pappenheim. Son père (1824-1881) était originaire de Pressburg (aujourd’hui Bratislava). Le nom de famille fait référence à la région franconienne de Pappenheim. La mère (1830-1905), née Goldschmidt, était originaire de Francfort-sur-le-Main. Les deux familles étaient prospères et enracinées dans le judaïsme orthodoxe. Bertha Pappenheim fut élevée comme une « fille supérieure », fréquenta une école catholique de jeunes filles et mena une vie rythmée par le calendrier des fêtes juives et des séjours d’été à Ischl.

Lorsque Bertha eut 8 ans, sa sœur aînée Henriette (1849-1867) mourut de tuberculose. Lorsqu’elle eut 11 ans, la famille déménagea de Leopoldstadt, le quartier de Vienne principalement habité par des juifs pauvres, pour s’installer dans la Liechtensteinstrasse, dans le IXe arrondissement. À 16 ans, elle a quitté l’école, s’est consacrée aux travaux manuels et a aidé sa mère à préparer les repas de manière casher. Pendant ce temps, son frère Wilhelm (1860-1937), de 18 mois son cadet, fréquentait le lycée, ce que Bertha lui enviait violemment.

MaladieModifier

Au cours de l’été 1880, alors que la famille séjournait à nouveau à Bad Ischl pour les vacances d’été, le père tomba gravement malade d’une pleurésie fébrile, ce qui marqua un tournant dans la vie de Bertha Pappenheim. Lors d’une garde de nuit au chevet du malade, elle fut soudain tourmentée par des hallucinations et des états d’angoisse. Par la suite, sa maladie présenta un large spectre de symptômes différents:

  • Troubles du langage (aphasies) : par moments, elle ne pouvait pas parler du tout, par moments elle ne parlait qu’anglais, parfois seulement français ou italien. En revanche, elle pouvait comprendre l’allemand à tout moment. L’apparition des aphasies s’étendait parfois sur plusieurs jours et changeait parfois en fonction de l’heure de la journée.
  • Névralgies : elle souffrait de douleurs nerveuses dans la région du visage, qui étaient traitées à la morphine et au chloral. La médication a entraîné l’apparition d’une dépendance à la morphine et au chloral. Les douleurs étaient si intenses que l’on a envisagé la section chirurgicale du trijumeau.
  • Parésies : les paralysies et les engourdissements se manifestaient principalement au niveau des membres, de manière hémiplégique. En réalité droitière, elle a dû apprendre à écrire de la main gauche à cause de ces paralysies.
  • Troubles visuels : Des troubles temporaires de la motricité oculaire se sont manifestés. Elle percevait les objets de manière fortement agrandie et louchait.
  • Sautes d’humeur : Pendant de longues périodes, elle présentait, au rythme de la journée, une alternance d’états d’anxiété et de dépression, suivis d’états de détente et de relaxation.
  • Amnésies : La malade ne se souvenait pas, dans l’un des états, des événements ou de ses actions pendant l’autre état.
  • Troubles alimentaires : Dans des situations de crise, elle ne s’alimentait pas. Pendant un été chaud, elle a refusé pendant des semaines de boire des liquides et ne s’est nourrie que de fruits.

La famille n’a pas réagi dans un premier temps à ces manifestations de la maladie. Ce n’est qu’en novembre que Josef Breuer, un ami de la famille, prit en charge le traitement. Il incita la malade, en partie sous légère hypnose, à raconter des histoires, ce qui entraîna une amélioration partielle du tableau clinique, tandis que l’état général continuait à se dégrader. A partir du 11 décembre 1880, Bertha Pappenheim est alitée pendant plusieurs mois.

Mort du pèreModifier

Le 5 avril 1881, le père de Bertha Pappenheim décède. Suite à cela, elle tomba d’abord dans une torpeur totale et n’accepta plus de nourriture pendant plusieurs jours. Par la suite, ses symptômes s’aggravèrent, si bien que le 7 juin, elle fut emmenée contre son gré au sanatorium d’Inzersdorf, où elle séjourna encore plusieurs fois au cours des années suivantes (en partie à sa demande). Mais elle y est d’abord restée jusqu’en novembre. Après son retour dans sa famille, elle continua à être traitée par Breuer.

Les progrès laborieux et lents du « travail de mémoire », au cours duquel les différents symptômes étaient rappelés et « résolus » selon leurs épisodes, arrivèrent, selon Breuer, à leur terme le 7 juin 1882, après que la malade eut reconstitué sa première nuit d’hallucinations à Ischl. « Depuis lors, elle jouit d’une santé complète ». C’est par ces mots que Breuer conclut son rapport médical.

Sanatorium BellevueModifier

Breuer envoya Bertha Pappenheim dès le 12 juillet 1882 à la clinique privée Bellevue de Kreuzlingen, au bord du lac de Constance, dirigée par Robert Binswanger. Après le traitement de Pappenheim à Bellevue, Breuer ne s’occupa plus personnellement d’elle.

Pendant son séjour à Kreuzlingen, elle rendit visite à son cousin Fritz Homburger et à sa cousine Anna Ettlinger à Karlsruhe. Cette dernière fut l’une des fondatrices du lycée de jeunes filles de Karlsruhe, également fréquenté par la jeune Rahel Straus. Anna Ettlinger se consacra à des travaux d’écriture – dans un article paru en 1870, Ein Gespräch über die Frauenfrage, elle avait réclamé pour les femmes les mêmes droits à l’éducation -, donna des cours privés et organisa des « cours de littérature pour dames ». Bertha Pappenheim lui lut quelques contes qu’elle avait écrits et sa cousine, de 14 ans son aînée, l’encouragea à poursuivre son activité d’écrivain.En outre, lors de cette visite fin 1882, Pappenheim participa à une formation en soins infirmiers proposée par l’Association des femmes de Bade. L’objectif de cette formation était de qualifier de jeunes femmes en tant que directrices d’établissements de soins infirmiers. En raison de la durée limitée de sa visite, elle n’a pas pu terminer la formation.

Le 29 octobre 1882, elle est sortie du traitement à Kreuzlingen en meilleure forme. Au cours des années suivantes, dont on sait peu de choses sur le plan biographique, elle vécut retirée chez sa mère à Vienne. Trois séjours à Inzersdorf sont attestés pour cette période, sa maladie n’était pas surmontée.

Malgré sa maladie, Bertha Pappenheim était une forte personnalité. Breuer la décrit comme une femme « d’une intelligence importante, d’une combinaison étonnamment perspicace et d’une intuition perspicace . »

FrancfortModifier

En novembre 1888, à l’âge de 29 ans, elle s’installa avec sa mère à Francfort-sur-le-Main. L’environnement familial à Francfort était en partie orthodoxe, en partie d’orientation libérale. Contrairement à Vienne, on ne s’engageait pas seulement dans le domaine de la charité, mais aussi dans celui des arts et des sciences. Les familles Goldschmidt et Oppenheim étaient connues comme mécènes et collectionneurs d’art et soutenaient des projets scientifiques et universitaires, notamment lors de la fondation de l’université de Francfort.

C’est dans cet environnement que Bertha Pappenheim commença à travailler plus intensément sur l’écriture (premières publications à partir de 1888, d’abord de manière anonyme, puis sous le pseudonyme de P. Berthold) et à s’engager socialement et politiquement. Elle travaille d’abord dans une cuisine pour les pauvres et comme lectrice à l’orphelinat de jeunes filles de l’association féminine israélite. En 1895, elle prit la direction de l’orphelinat à titre provisoire, et un an plus tard, la direction lui fut définitivement confiée. Au cours des douze années suivantes, elle réussit à orienter le travail éducatif de l’objectif exclusif d’un futur mariage vers la formation à l’autonomie professionnelle.

En 1895, le congrès général de l’Association générale des femmes allemandes (ADF) se tint à Francfort. Pappenheim y prit part et participa plus tard à la création d’un groupe local de l’ADF. Dans les années qui suivirent, elle commença à publier des articles sur le thème des droits des femmes, tout d’abord dans la revue Ethische Kultur. Elle traduisit également A vindication of the rights of woman de Mary Wollstonecraft.

Jüdischer FrauenbundTravailler sur

Lors de la première conférence allemande sur la lutte contre la traite des jeunes filles, qui se tint à Francfort en octobre 1902, Bertha Pappenheim fut chargée, avec Sara Rabinowitsch, d’entreprendre un voyage en Galicie pour y étudier la situation sociale. Dans le rapport qu’elle publia en 1904 sur ce voyage de plusieurs mois, elle décrit les problèmes résultant de la combinaison de l’arriération agraire et du début de l’industrialisation, mais aussi de la collision entre le hassidisme et le sionisme.

Lors du congrès de l’International Council of Women en 1904 à Berlin, il fut décidé de créer une association nationale de femmes juives qui, à l’instar du Bund Deutscher Frauenvereine (BDF) cofondé par Helene Lange en 1894, devait regrouper les aspirations sociales et émancipatrices des associations féminines juives. Bertha Pappenheim fut élue première présidente de l’Alliance des femmes juives (JFB), qu’elle dirigera pendant vingt ans et pour laquelle elle travaillera jusqu’à sa mort en 1936. La JFB a adhéré au BDF en 1907. De 1914 à 1924, Pappenheim fit partie du comité directeur du BDF.

Les objectifs du JFB étaient d’une part féministes – renforcement des droits des femmes et promotion de l’activité professionnelle des femmes juives – et correspondaient d’autre part aux objectifs traditionnels de la philanthropie juive – exercice de la bienfaisance comme commandement divin. Il n’a pas toujours été facile pour Pappenheim d’intégrer ces différentes aspirations. Elle fut notamment choquée par le fait que, dans sa lutte contre la traite des blanches, elle ne parlait pas seulement des femmes juives en tant que victimes, mais aussi des hommes juifs en tant que coupables.

Elle critiqua l’image de la femme dans la religion juive et exigea, en tant que membre du mouvement féministe allemand, que les idéaux d’égalité soient également réalisés au sein des institutions juives. Elle s’intéressait particulièrement à l’éducation et à l’égalité dans la vie professionnelle.

Une déclaration faite lors de la première journée des délégués du JFB en 1907 – « Devant la loi juive, la femme n’est pas un individu, une personnalité, elle n’est jugée et reconnue que comme un être sexuel ». – a provoqué une réaction violente dans tout le pays de la part des rabbins orthodoxes et de la presse juive. On contestait l’existence des conditions déplorées par Pappenheim – trafic de jeunes filles ; négligence d’orphelins juifs nés hors mariage – et on l’accusait d' »outrage au judaïsme ». Le judaïsme politiquement libéral et émancipé avait une position patriarcale et traditionaliste sur la question des femmes.

En attendant, la JFB ne cessait de croître et comptait en 1907 32.000 membres dans 82 associations. Avec plus de 50.000 membres, le JFB était parfois la plus grande organisation caritative juive. En 1917, Bertha Pappenheim demanda de « mettre fin à la fragmentation au sein de l’organisation caritative juive », ce qui conduisit à la création de l’Office central de bienfaisance des juifs en Allemagne, qui existe encore aujourd’hui. Après l’arrivée au pouvoir des nationaux-socialistes en 1933, Pappenheim reprit une nouvelle fois la présidence du JFB, mais la quitta en 1934, car elle ne voulait pas abandonner sa position de rejet du sionisme malgré la menace existentielle qui pesait sur les Juifs en Allemagne, alors que le sionisme était de plus en plus approuvé au sein du JFB – comme dans l’ensemble du judaïsme allemand – après 1933. Leur position sur l’alya des jeunes, en particulier, avait suscité des controverses. Elle refusait l’émigration d’enfants et d’adolescents vers la Palestine sans leurs parents restés en Allemagne. Pourtant, elle a elle-même mis en sécurité un groupe d’enfants placés en 1934 en Grande-Bretagne. Après la promulgation des lois de Nuremberg le 15 septembre 1935, elle revint toutefois sur sa position et plaida pour l’émigration de la population juive. Après la mort de Pappenheim, ses fonctions au sein du JFB furent partiellement reprises par Hannah Karminski. En 1939, la Ligue des femmes juives fut dissoute par les nationaux-socialistes.

Neu-IsenburgTravailler sur

Bertha Pappenheim fut la fondatrice ou l’initiatrice de nombreuses institutions, dont faisaient partie les jardins d’enfants, les maisons d’éducation et les centres de formation. A ses yeux, l’œuvre principale et de toute une vie fut le foyer pour jeunes filles de Neu-Isenburg.

En 1901, suite à une conférence de Pappenheim pour l’Israelitischen Hilfsverein, un groupement de femmes s’était formé, d’abord en tant que département de l’Israelitischer Hilfsverein, puis à partir de 1904 en tant qu’association indépendante Weibliche Fürsorge, dans le but de coordonner et de professionnaliser le travail des diverses initiatives et projets sociaux.

Le premier comité directeur de l’association « Weibliche Fürsorge » à Francfort sur le Main, 1904 (Bertha Pappenheim : premier rang, deuxième à partir de la gauche)

A partir de 1906 environ, Pappenheim poursuivit l’objectif de fonder un foyer de jeunes filles pour soutenir les femmes juives nées hors mariage et/ou menacées de prostitution et de trafic de jeunes filles. Les principes du travail social juif qu’elle avait développés devaient y être mis en œuvre de manière exemplaire. Le foyer devait être géré selon différents points de vue:

  • A l’opposé de la charité juive traditionnelle, un travail social moderne axé sur l’éducation à l’autonomie devait être fourni.
  • Selon le principe de « l’assistance consécutive », le parcours de vie ultérieur des anciennes pensionnaires devait être accompagné sur de longues périodes afin d’éviter de nouvelles négligences.
  • Il devait : … ne pas être un établissement pour élèves assistés au sens de la loi, ni un monument de pierre d’une fondation avec des inscriptions, des plaques votives, des couloirs, des dortoirs et des salles à manger, une école élémentaire, avec un karcher et des cellules et une famille de directeurs dominante, mais, même si c’est toujours un substitut de la seule bonne éducation familiale souhaitable, un foyer.
  • Les pensionnaires devaient être intégrées dans la tradition et la culture juives.
  • L’établissement devait être marqué par la simplicité, de sorte que les pensionnaires seraient familiarisées avec les conditions et les exigences d’un ménage petit-bourgeois.

Louise Goldschmidt, une parente de la mère de Pappenheim, céda pour la fondation d’un foyer de jeunes filles une maison jumelée à Neu-Isenburg, près de Francfort-sur-le-Main avec ses cliniques et ses institutions sociales. Contrairement à Francfort, en Prusse, Neu-Isenburg, en Hesse, offrait en outre des avantages aux apatrides grâce à ses lois moins rigides.

Grâce à des dons d’un montant de 19.000 marks pour l’aménagement de la maison, le foyer a pu ouvrir ses portes le 25 mars 1949. L’établissement, parfois critiqué pour son caractère excessif, était simple. Il s’agissait d’un centre d’accueil pour les enfants de moins de cinq ans. Ainsi, il n’y avait pas d’eau courante dans la salle de bain et le chauffage central n’a été installé qu’en 1920. En revanche, l’équipement permettait de suivre systématiquement les règles alimentaires et de pureté juives, la cashrouth. Même une cuisine de Pessah, qui n’était utilisée qu’une fois par an, était disponible au sous-sol.

L’éducation des habitants était assurée par l’art dans la maison et le jardin – par exemple la fontaine pour enfants La cigogne expulsée, conçue par Fritz J. Kormis d’après un récit de Pappenheim -, des conférences, de petites représentations théâtrales et des conférences, entre autres de Martin Buber, qui, en tant qu’ami de Pappenheim, était invité à plusieurs reprises.

Au début, le nombre de résidentes était faible, mais il augmenta au fil du temps, passant de 10 en 1908 à 152 en 1928. Le terrain et les bâtiments existants furent agrandis par des achats et des dons et adaptés aux besoins croissants, des constructions supplémentaires furent érigées. En dernier lieu, le foyer comptait quatre bâtiments, dont une maison pour les femmes enceintes et les jeunes accouchées – l’accouchement lui-même avait lieu à la clinique de Francfort – et une unité d’isolement.

Les enfants en âge scolaire du foyer fréquentaient l’école primaire de Neu-Isenburg. Les pensionnaires bénéficiaient d’un suivi médical intensif et d’examens psychiatriques réguliers. Pappenheim refusait un traitement psychanalytique des pensionnaires. Elle-même ne s’est exprimée qu’une seule fois de manière générale sur la psychanalyse : La psychanalyse est entre les mains du médecin ce que la confession est entre les mains de l’ecclésiastique catholique ; il dépend de l’utilisateur et de l’application qu’elle soit un bon instrument ou une épée à double tranchant.

Comme le financement courant du foyer ne devait pas dépendre, dans la mesure du possible, de riches donateurs individuels, l’association Heim des jüdischen Frauenbund e. V. fut fondée en tant que responsable et propriétaire du foyer. Les cotisations de 3 marks par an devaient permettre de couvrir les frais courants sur une base plus large.

La reconnaissance de son travail à Neu-Isenburg fut d’abord refusée à Bertha Pappenheim. Les milieux juifs orthodoxes considéraient la création du foyer comme un scandale et son existence comme un soutien tacite à la prostitution et à l’immoralité. Afin de réintégrer dans la communauté juive les mères illégitimes, les jeunes prostituées et leurs enfants, pour la plupart répudiés par leurs familles, le foyer s’efforça de convaincre les familles de reprendre les répudiées et les pères connus de se marier ou de verser une pension alimentaire.

Dernières années et décèsModifier

Après la mort de sa mère en 1905, Bertha Pappenheim avait vécu de nombreuses années seule et sans liens privés. « L’amour ne m’a pas été donné », se plaint-elle dans un poème de 1911. A partir de 1924, une étroite amitié la lia à Hannah Karminski, de 38 ans sa cadette, lorsque celle-ci prit la direction du club juif de jeunes filles. Les deux femmes passaient autant que possible chaque minute de leur temps libre ensemble. Lorsque Karminski s’installa quelque temps à Berlin en 1925, elles s’écrivirent presque quotidiennement.

En 1935, lors d’un voyage en Autriche, elle fit don de deux de ses collections (dentelles et fonte de fer) au musée des arts appliqués de Vienne. De Vienne, elle se rendit à Ischl. Au cours de ces voyages, son état général se détériora et elle fut emmenée à l’hôpital israélite de Munich. Malgré sa maladie, elle se rendit fin 1935 à Amsterdam pour rencontrer Henrietta Szold, la directrice de l’Alya de la jeunesse, et une nouvelle fois en Galicie pour conseiller l’œuvre scolaire Beth Jacob. De retour à Francfort, son état s’est aggravé au point de la clouer au lit. A cela s’ajouta une jaunisse.

Durant ses derniers jours, elle fut convoquée pour un interrogatoire par le bureau de la police d’Etat d’Offenbach. La raison en était la dénonciation d’une employée chrétienne du foyer : une jeune fille faible d’esprit avait fait une remarque désobligeante sur Adolf Hitler. Pappenheim a insisté pour se présenter à l’interrogatoire malgré sa santé défaillante. Après l’interrogatoire du 16 avril 1936, au cours duquel elle répondit calmement mais fermement aux accusations, aucune autre mesure ne fut prise par la police d’État.

Elle mourut, soignée jusqu’à la fin par son amie Hannah Karminski, le 28 mai 1936. mai 1936 et fut enterrée aux côtés de sa mère au cimetière de Francfort (aujourd’hui Alter Jüdischer Friedhof).

Après la mort de Bertha Pappenheim, le travail à Neu-Isenburg put se poursuivre pour l’essentiel sans être perturbé jusqu’aux Jeux Olympiques de 1936. A partir de 1937, les enfants du foyer n’étaient plus autorisés à fréquenter l’école primaire de Neu-Isenburg et devaient être amenés chaque jour à l’école juive de Francfort. A partir de 1938, la section locale du NSDAP d’Isenburg entreprit de dissoudre le foyer.

Le 10 novembre 1938, un jour après la « Nuit de cristal », le foyer fut attaqué. Le bâtiment principal a été incendié et brûlé, les autres bâtiments ont été dévastés. Le 31 mars 1942, le foyer a été dissous par la Gestapo. Les pensionnaires restants furent déportés dans le ghetto de Theresienstadt, où beaucoup trouvèrent la mort. Le 9 décembre 1942, Hannah Karminski a été emmenée au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Elle y a été assassinée le 4 juin 1943.