Buprénorphine

Certaines des opinions exprimées dans les notes suivantes sur les produits nouvellement approuvés doivent être considérées comme préliminaires, car il peut y avoir eu peu de données publiées au moment de la publication, et peu d’expérience en Australie sur leur sécurité ou leur efficacité. Toutefois, le Comité exécutif de la rédaction estime que les commentaires faits de bonne foi à un stade précoce peuvent encore avoir de la valeur. Avant que de nouveaux médicaments ne soient prescrits, le Comité estime qu’il est important d’obtenir des informations plus détaillées auprès de l’information produit approuvée par le fabricant, d’un centre d’information sur les médicaments ou de toute autre source appropriée.

Subutex (Reckitt Benckiser)
Comprimés sublinguaux de 0,4 mg, 2 mg et 8 mg
Indication approuvée : dépendance aux opiacés
Australian Medicines Handbook Section 18.6.3

La buprénorphine est un agoniste partiel des récepteurs opioïdes. Le médicament a été utilisé, à faible dose (0,2 mg), comme analgésique sublingual. Des doses plus élevées ont maintenant été approuvées pour le traitement de la dépendance aux opiacés. La buprénorphine peut être utilisée en désintoxication ou comme traitement d’entretien. Son action sur les récepteurs réduit les envies de drogues opiacées.

Le médicament est pris par voie sublinguale en raison du métabolisme de premier passage qui suit une dose orale. Même lorsqu’ils sont administrés par voie sublinguale, les comprimés n’ont qu’une biodisponibilité de 30 à 35 %. La buprénorphine est métabolisée par le système du cytochrome P450. Le CYP3A4 étant impliqué, les inhibiteurs de cette enzyme, tels que les antibiotiques macrolides, sont susceptibles d’augmenter les concentrations de buprénorphine. La plupart des métabolites sont excrétés dans la bile. Comme la buprénorphine a une demi-vie moyenne de 35 heures, il est possible d’administrer à certains patients des doses moins que quotidiennes.

Un essai randomisé a comparé l’efficacité de la buprénorphine à celle de la clonidine et de la naltrexone chez162 patients en cours de désintoxication. La désintoxication a été menée à bien par 65% des patients ayant reçu de la clonidine, 81% de ceux ayant reçu de la clonidine et de la naltrexone, et 81% de ceux ayant reçu de la buprénorphine.1 La Collaboration Cochrane a examiné les preuves soutenant la buprénorphine dans la gestion du sevrage des opioïdes, mais n’est pas parvenue à une conclusion ferme.2

Pour le traitement d’entretien, la buprénorphine doit être prise au moins six heures après la dernière dose d’héroïne. Ceci afin de réduire le risque de déclencher des symptômes de sevrage. Pour les patients transférés de la méthadone, il doit y avoir un délai d’au moins 24 heures avant de commencer la buprénorphine. Le traitement commence par une dose de 4 mg qui est augmentée en fonction de la réponse du patient. La dose maximale est de 32 mg par jour. Une fois que le patient est stable, la fréquence des doses peut être réduite. Certains patients se débrouillent avec trois doses par semaine.

La buprénorphine a été comparée à la méthadone. Un essai a étudié 72 patients pendant six mois. Alors que plus de patients prenant de la méthadone ont été retenus dans le traitement, les deux traitements ont bien fonctionné. Les analyses d’urine ont montré une réduction de la consommation d’opioïdes ; 60 % des tests étaient négatifs pour les patients prenant de la buprénorphine, contre 66 % des tests des patients prenant de la méthadone.3

Un problème majeur de la buprénorphine est le risque d’abus. Comme les patients auxquels on donne de la buprénorphine pour la douleur peuvent devenir dépendants, il est clair qu’elle peut entraîner une dépendance. Certains patients broient les comprimés afin de pouvoir s’injecter le médicament. Cette pratique est dangereuse, surtout si le patient utilise également des benzodiazépines. Des décès sont survenus suite à une dépression cardio-respiratoire lors de l’injection de buprénorphine et de benzodiazépines.

Les autres effets indésirables sont difficiles à identifier car les réactions indésirables rapportées lors des essais cliniques peuvent être dues au sevrage ou à une toxicité des opioïdes. Les symptômes signalés comprennent des céphalées, des douleurs abdominales, des frissons, des insomnies, des nausées, des vomissements et des diarrhées. La fonction hépatique peut être altérée et certains patients développeront une hépatite.

Si la décision est prise d’arrêter le traitement, la buprénorphine ne doit pas être arrêtée brutalement. Une réduction progressive de la dose sur trois semaines est recommandée.

La buprénorphine est utilisée pour traiter la toxicomanie en France depuis 1996. La revue sœur d’Australian Prescriber, La Revue Prescrire, a examiné son utilisation et a constaté qu’il s’agissait d’un traitement efficace. L’expérience française confirme que les principaux risques de la buprénorphine sont liés à une mauvaise utilisation. Les auteurs recommandent une bonne communication entre le médecin prescripteur et le pharmacien, notamment sur le nombre de comprimés à délivrer à chaque fois. Il est également important d’utiliser la buprénorphine dans le cadre d’un programme de traitement médical et psychosocial coordonné4

.