L’anxiété, l’amygdale et l’autisme

L’un des problèmes de santé mentale cooccurrents les plus courants et les plus pénibles chez les personnes atteintes de troubles du spectre autistique (TSA) est l’anxiété. Les troubles anxieux sont présents chez au moins 50 % des personnes atteintes de TSA, et certaines estimations vont jusqu’à 80 %.1-4 La relation entre l’anxiété et l’autisme est complexe, et il est souvent difficile de démêler les symptômes d’anxiété des symptômes d’autisme. Pensez aux problèmes sociaux dans l’autisme. Sont-ils dus à l’anxiété sociale, à un manque d’intérêt, à un manque de compétence en matière d’interaction sociale, ou à tous ces facteurs ?

L’anxiété a été un sujet brûlant dans la recherche sur l’autisme, car s’il n’existe aucun traitement médical pour les symptômes fondamentaux de l’autisme, il existe de nombreux traitements comportementaux et pharmacologiques pour l’anxiété. Traiter l’anxiété liée à l’autisme peut grandement améliorer la qualité de vie.

Il y a eu énormément de recherches sur la neurobiologie de la peur et de l’anxiété, dont une grande partie est effectuée sur des modèles animaux comme les souris. Par exemple, il a été démontré qu’une zone du cerveau appelée amygdale est fortement liée aux symptômes de la peur et de l’anxiété.5 L’anxiété et la peur sont toutes deux des réponses normales qui, du point de vue de l’évolution, sont là pour protéger l’organisme. L’anxiété et la peur sont toutes deux des réponses normales qui, du point de vue de l’évolution, servent à protéger l’organisme. L’amygdale a souvent été qualifiée de « détecteur de danger » ; elle est cruciale pour la survie de l’individu et de l’espèce. De nombreux neuroscientifiques ont émis l’hypothèse qu’une activité anormale de l’amygdale pouvait entraîner une anxiété ou un sentiment de peur en l’absence de danger. Étant donné le lien entre l’anxiété et l’autisme, il ne devrait pas être surprenant qu’il existe des preuves substantielles que la structure et la fonction de l’amygdale dans l’autisme sont altérées.

Certaines des preuves les plus solides d’une amygdale altérée dans l’autisme sont venues récemment de l’analyse du cerveau post-mortem du laboratoire Schumann de l’Université de Californie, Davis. Cette étude a été rendue possible par les familles qui ont décidé de faire don du cerveau de leurs proches à la recherche après leur décès. Plus précisément, Avino et ses collègues6 ont découvert que chez les personnes au développement normal, le nombre de neurones dans l’amygdale augmente tout au long de l’enfance et jusqu’à l’âge adulte. Il s’agit d’un phénomène inhabituel en soi, car rares sont les régions du cerveau dont le nombre de neurones augmente après la naissance. Ce qui est frappant dans cette étude, c’est que le nombre de neurones dans l’amygdale des personnes autistes était plus élevé chez les jeunes enfants, mais plus faible chez les adultes. Comme on peut le voir sur le graphique, par rapport aux personnes au développement typique (NT), il y a 11 % de neurones en plus dans l’amygdale des jeunes enfants atteints de TSA, mais 20 % de neurones en moins chez les adultes atteints de TSA.6 Ces résultats ont considérablement élargi les recherches précédentes sur l’amygdale dans l’autisme.7,8

Qu’est-ce qui cause cette trajectoire anormale de développement dans l’amygdale autistique ? Comment ce développement altéré est-il lié à l’anxiété chez les personnes autistes ? Ce sont des questions auxquelles il faudra poursuivre les recherches pour y répondre. Toutefois, grâce aux dons généreux de tissus cérébraux par les familles de personnes autistes et de personnes normales, nous commençons à comprendre la neuropathologie des TSA. Cette compréhension ouvre la voie à la mise au point de traitements ciblés. Comme ces changements dans l’amygdale se produisent après la naissance de l’enfant, cette recherche pourrait avoir identifié une fenêtre critique précoce pour l’intervention.