Sommeil cumulatif, troubles de l’humeur, et diminutions des performances de vigilance psychomotrice au cours d’une semaine de sommeil restreint à 4-5 heures par nuit
Pour déterminer si un déficit de sommeil cumulatif (dans une fourchette couramment expérimentée) entraînerait des changements cumulatifs dans les mesures de la vigilance neurocomportementale au réveil, 16 jeunes adultes en bonne santé ont vu leur sommeil restreint de 33% par rapport à la durée de sommeil habituelle, à une moyenne de 4.98 heures par nuit pendant sept nuits consécutives. Les sujets dormaient dans le laboratoire, et le sommeil et l’éveil étaient surveillés par le personnel et l’actigraphie. Trois fois par jour (10 h, 16 h et 22 h), les sujets ont fait l’objet d’une évaluation de leur somnolence subjective (SSS) et de leur humeur (POMS) et ont été évalués à l’aide d’une brève batterie de tests de performance comprenant la vigilance psychomotrice (PVT), la mémoire sondée (PRM) et des tests d’addition en série. Une fois par jour, ils ont rempli une série d’échelles visuelles analogiques (VAS) et ont signalé leur somnolence et leurs problèmes somatiques et cognitifs/émotionnels. La restriction du sommeil a entraîné des effets cumulatifs statistiquement robustes sur les fonctions d’éveil. Les évaluations du SSS, les scores des sous-échelles pour la fatigue, la confusion, la tension et la perturbation totale de l’humeur du POMS et les évaluations de l’épuisement mental et du stress sur l’EVA ont été évalués sur plusieurs jours de restriction de sommeil (p = 0,009 à p = 0,0001). Les paramètres de performance du PVT, y compris la fréquence et la durée des périodes d’inactivité, ont également été significativement augmentés par la restriction (p = 0,018 à p = 0,0001). Des effets significatifs de l’heure du jour étaient évidents dans les données SSS et PVT, mais l’heure du jour n’a pas interagi avec les effets de la restriction du sommeil sur plusieurs jours. Les profils temporels des changements cumulatifs des mesures neurocomportementales de la vigilance en fonction de la restriction de sommeil étaient généralement cohérents. Les changements subjectifs avaient tendance à précéder les changements de performance d’un jour, mais les changements globaux dans les deux catégories de mesures étaient les plus importants au cours des deux premiers jours (P1, P2) et des deux derniers jours (P6, P7) de la restriction de sommeil. Les données provenant de sous-ensembles de sujets ont également montré 1) que des diminutions significatives du MSLT se produisaient pendant la restriction de sommeil, 2) que la somnolence élevée et les déficits de performance se poursuivaient au-delà du 7e jour de restriction, et 3) que la récupération de ces déficits semblait nécessiter deux nuits complètes de sommeil. L’augmentation cumulative des déficits de performance au fil des jours de restriction de sommeil était en étroite corrélation avec les résultats du MSLT (r = -0,95) d’une expérience antérieure comparable menée par Carskadon et Dement (1). Ces résultats suggèrent que la dette de sommeil nocturne cumulative avait une analogie dynamique et croissante avec la somnolence diurne cumulative et que la somnolence asymptotique ou à l’état d’équilibre n’était pas atteinte en réponse à la restriction du sommeil.