Tache de Bitot : marqueur précoce d’une cécité évitable

Un garçon de huit ans s’est présenté à notre clinique d’ophtalmologie avec une histoire de quatre mois de sécheresse et de démangeaisons des yeux et une réticence à jouer dehors en fin de soirée, ce qui pourrait indiquer une cécité nocturne. L’acuité visuelle sans aide du patient était de 6/6 dans les deux yeux. Il présentait des plaques triangulaires, bilatéralement symétriques et kératinisées dans les régions interpalpébrales sur la conjonctive bulbaire, adjacentes au limbe temporal. Ces caractéristiques évoquaient des taches de Bitot, classées comme xérophtalmie de stade X1B selon la classification de l’Organisation mondiale de la santé (figure 1).1 Sa cornée et son examen du fond d’œil dilaté étaient normaux, tout comme sa taille et son poids pour son âge. Il avait des ongles secs et cassants et une xérose cutanée touchant les deux membres inférieurs. Nous avons diagnostiqué une carence en vitamine A et prescrit de la vitamine A par voie orale à raison de 200 000 unités internationales à prendre pendant deux jours consécutifs, et une troisième dose à 14 jours.1 Nous avons également recommandé une lubrification oculaire. Les taches de Bitot et la cécité nocturne du patient se sont résorbées en un mois.

Figure 1 :

Oeil gauche d’un garçon de huit ans, avec une grande tache kératinisée, superficielle, triangulaire, mousseuse, dans la région interpalpébrale sur la conjonctive bulbaire, adjacente au limbe temporal (flèche noire), suggérant une tache de Bitot.

La carence en vitamine A est une cause majeure de cécité évitable dans le monde chez les enfants d’âge préscolaire. Près de la moitié des cas sont concentrés en Asie du Sud-Est et en Afrique.2 Une carence modérée à sévère en vitamine A a été constatée chez 20 à 60% des enfants dans les camps de réfugiés en Afrique,3 et est associée à la malnutrition, à la diarrhée et aux infections des voies respiratoires. Les médecins nord-américains qui traitent les enfants des camps de réfugiés en Asie du Sud-Est et en Afrique peuvent souhaiter envisager la possibilité d’une carence en vitamine A chez les enfants présentant des troubles visuels ou des yeux secs.

Les images cliniques sont choisies parce qu’elles sont particulièrement intrigantes, classiques ou dramatiques. Les soumissions d’images claires, étiquetées de manière appropriée et en haute résolution doivent être accompagnées d’une légende de la figure. Une brève explication (300 mots maximum) de l’importance pédagogique des images avec un minimum de références est requise. Le consentement écrit du patient pour la publication doit être obtenu avant la soumission.

Notes de bas de page

  • Intérêts concurrents : Aucun n’a été déclaré.

  • Cet article a été revu par des pairs.

  • Les auteurs ont obtenu le consentement des patients.

  1. Contrôle de la carence en vitamine A et de la xérophtalmie. Rapport d’une réunion conjointe OMS/UNICEF/USAID/Helen Keller International/IVACG. Série de rapports techniques de l’OMS, n° 672. Genève : Organisation mondiale de la santé ; 1982.

  2. Prévalence mondiale de la carence en vitamine A dans les populations à risque 1995-2005 : Base de données mondiale de l’OMS sur les carences en vitamine A. Genève : Organisation mondiale de la santé ; 2009:55.

    1. Seal AJ,
    2. Creeke PI,
    3. Mirghani Z,
    4. et al

    . Carence en fer et en vitamine A chez les réfugiés africains de longue durée. J Nutr 2005;135:808-13.