Technique de suspension : Qu’est-ce que l’Anti-Squat ?
L’un des termes les plus courants brandis pour décrire les performances de pédalage d’un vélo à suspension intégrale est « Anti-Squat ». Ce qui signifie que, pour de nombreux cyclistes, c’est un terme marketing sans signification claire, mais évidemment, il doit être bon puisque tout le monde le vante. Pas vrai ?
La plupart du temps, oui. Mais comme pour le gâteau au chocolat, l’excès d’une bonne chose peut être mauvais. Pour couper court au battage médiatique et expliquer ce que vous devez savoir, nous avons parlé avec trois ingénieurs et designers de Niner Bikes (George Parry, directeur de l’ingénierie), Esker Cycles (Tim Krueger, associé gérant) et Fezzari (Tyler Cloward, directeur du développement des produits). Voici ce qu’ils ont à dire, suivi de notre propre point de vue sur la raison pour laquelle c’est important et ce que vous devriez rechercher…
BIKERUMOR : En termes simples, qu’est-ce que l' »Anti-Squat » ?
KRUEGER : L’anti-squat est une caractéristique d’une conception de suspension qui résiste à la compression de la suspension causée par le transfert de masse pendant l’accélération.
CLOWARD : L’anti-squat est la force sur un système de suspension qui est générée par la transmission. Lorsque vous accélérez et que le vélo se déplace vers l’avant, le poids du cycliste se déplace vers l’arrière, ce qui entraîne une compression ou un squat de la suspension. La biomécanique du pédalage (force descendante des jambes) produit également une force descendante qui comprime ou écrase la suspension. Lorsque la chaîne est tirée vers l’avant par le mouvement de pédalage, elle crée une force sur le système de suspension opposée au « squat » causé par le cycliste et le transfert de poids, et c’est pourquoi on l’appelle Anti-Squat.
BIKERUMOR : Si vous deviez l’expliquer plus techniquement, y a-t-il quelque chose à ajouter à cette description pour aider les gens à mieux comprendre le concept ? (par exemple, si un vélo a un anti-squat de « 50% », que signifie ce chiffre ?)
PARRY : Les conceptions de suspension de bicyclette utilisent généralement la tension de la chaîne résultant des charges de pédalage pour réduire la quantité de force sur l’amortisseur. Ainsi, la réduction ou l’élimination de la quantité de squat de la suspension lorsque la force est appliquée aux pédales. Ceci est directement lié à la tension de la chaîne. Ainsi, une force de pédalage plus élevée, ou la tension de la chaîne, se traduit par plus d’anti-squat.
CLOWARD : Si un vélo a 50% d’anti-squat, cela signifie que la force opposée de la transmission est 50% de la force de squat causée par le déplacement du poids du cycliste pendant l’accélération. Un vélo avec un anti-squat de 50 % aura un certain degré de pédalage parce qu’il n’y a que la moitié de la force opposée de la transmission sur la suspension par rapport à la force vers le bas causée par le déplacement du poids du cycliste lors de l’accélération. Un anti-squat de 100% signifie que la force de la transmission sur la suspension est égale à la force opposée causée par le transfert de poids. 150% signifie qu’il y a plus de force causée par la chaîne dans la direction opposée du squat causé par le transfert de poids de l’accélération. Dans ce cas, en pédalant, le vélo va littéralement s’élever.
KRUEGER : La meilleure chose à comprendre est le point de 100% d’anti-squat. C’est ce que tout le monde essaie d’atteindre au bon moment. L’anti-squat à 100% est quand mathématiquement, il n’y a rien qui cause l’extension ou la compression de la suspension sous l’accélération – c’est littéralement le point de neutralité parfaite parmi toutes les variables qui peuvent causer le mouvement de la suspension à partir de choses autres que les bosses dans le sol sous l’accélération. Dans le cas de votre question – 50 % d’anti-squat, c’est lorsqu’il y a une force réactive qui repousse contre le transfert de masse sous accélération qui est de 50 % de la force créée par le transfert de masse.
BIKERUMOR : Quel est l’avantage pour le cycliste?
PARRY : Lorsqu’une force est appliquée aux pédales, il y a un déplacement du centre de gravité du cycliste. Cela peut provoquer la compression de la suspension et entraîne une perte d’énergie et un bob induit par la pédale (compression et extension de la suspension tout au long du cycle de pédalage). L’anti-squat peut éliminer cet affaissement induit par la pédale, ce qui permet de traduire plus d’énergie en mouvement vers l’avant et, idéalement, d’éliminer le bob induit par la pédale.
KRUEGER : Le squat serait le trait d’un vélo à suspension de se comprimer ou de « s’accroupir » sous l’effet de l’accélération. L’accélération dans un vélo n’est pas régulière parce que nous avons un moteur à très bas régime et à couple élevé avec beaucoup de masse déséquilibrée (jambes). Ce déséquilibre du moteur, ainsi que la suspension se comprimant sous l’accélération serait appelé « bob », ou la suspension se comprimant et s’étendant constamment avec le rythme de la cadence de pédalage.
CLOWARD : (Fondamentalement, c’est) la plate-forme de pédalage d’un vélo.
BIKERUMOR : Y a-t-il un inconvénient ?
KRUEGER : Peut-être – puisque l’anti-squat traite partiellement du couple de la chaîne comme l’une des forces impliquées dans la situation globale, l’une des façons d’arriver à un endroit idéal est d’avoir la chaîne qui tire le bras oscillant vers une position étendue. L’opposé de ce mouvement est que lorsque le bras oscillant se comprime rapidement, il tire sur la chaîne. Certaines personnes appellent cela le « retour de pédale », et ce n’est généralement pas une caractéristique souhaitée. Donc, vous devez faire attention à ne pas permettre une trop grande extension de la chaîne à travers la course du bras oscillant afin que la personne qui conduit le vélo ne ressente pas ce comportement potentiellement négatif.
PARRY : Il n’y a pas d’équation fixe pour la bonne quantité d’anti-squat. Tous les cyclistes ont des styles de conduite différents. Ainsi, certains peuvent préférer plus d’anti-squat alors que d’autres en préfèrent moins. C’est au concepteur du cadre de trouver le point idéal qui conviendra au plus grand nombre de cyclistes. Trop d’anti-squat et la suspension s’étendra sous les charges de pédalage, trop peu d’anti-squat et le cadre se comprimera sous les charges de pédalage.
L’anti-squat : (trop) peut entraîner un raidissement de la suspension ou même un blocage lors du pédalage. Sur un terrain rugueux et rocailleux, un design avec trop d’anti-squat transforme votre vélo épousant le sol en un hardtail.
BIKERUMOR : Combien d’anti-squat voulez-vous ?
KRUEGER : Dans un monde idéal – 100% exactement à tout moment où vous pédalez, à n’importe quel débattement donné. Mais ce n’est pas possible. En raison de cela, la plupart des vélos qui sont conçus de manière compétente ont plus de 100% dans le débattement initial, se stabilisent autour de 100% au point d’affaissement, puis chutent à partir de là. Les vélos vraiment bien conçus peuvent manipuler la courbe, la vitesse à laquelle le taux change, et même avoir plusieurs taux à différents points du débattement, en fonction des traits souhaités du type de vélo.
CLOWARD : Si vous modifiez une conception de suspension pour avoir la valeur d’anti-squat parfaite, cela affectera les autres caractéristiques du système de suspension. La quantité d’anti-squat que vous voulez dépend vraiment de l’utilisation prévue du vélo. Sur un vélo de DH, par exemple, vous êtes plus préoccupé par les performances en descente, donc des éléments tels que le rapport de levier, l’anti-remontée, le recul de la pédale, la trajectoire de l’axe et la courbe de l’amortisseur auront généralement la priorité sur l’anti-squat. Sur un vélo de course XC, en revanche, où l’efficacité du pédalage est généralement plus prioritaire, la valeur de l’anti-squat prend généralement le pas sur les autres caractéristiques de conduite.
BIKERUMOR : Comment concevoir l’anti-squat dans un cadre ?
CLOWARD : Cela peut devenir très technique rapidement. En termes très généraux, l’anti-squat est conçu dans un cadre en contrôlant le centre instantané, ou IC, de l’essieu arrière. Le CI est le point autour duquel l’essieu arrière pivote pendant la compression de la suspension. Le CI peut changer de position à chaque point de compression de la suspension. Le CI est contrôlé en modifiant la position des pivots. L’art de la conception de la suspension consiste à équilibrer toutes les forces mentionnées ci-dessus, et en plus la géométrie, les formes du cadre, les cages à bouteilles, la transmission, le placement des amortisseurs et les spécifications – ensemble pour faire le meilleur vélo de conduite pour le but et l’utilisation prévus.
PARRY : L’anti-squat est le résultat de la relation entre le vecteur de force de la chaîne et l’emplacement du pivot. Donc, la réponse simple est en manipulant l’emplacement du pivot. Cependant, il y a beaucoup de variables à prendre en compte ici, y compris le rapport de levier, la trajectoire de l’essieu, le taux de croissance de la chaîne et l’anti-squat.
KRUEGER : Pour vraiment répondre à cette question, sans omettre certaines parties, ou créer des arguments en glissant sur certains domaines – il y a un livre de 555 pages là-bas qui est une lecture obligatoire pour vraiment comprendre et ensuite expliquer la réponse à cette question. Il existe également des méthodes brevetées pour ce faire, que quelqu’un doit connaître. En résumé, il s’agit de mathématiques, de géométrie et de l’utilisation de ces deux éléments pour aligner des points artificiels dans l’espace qui influent sur la façon dont le vélo réagit lorsque la masse (l’être humain) se déplace vers l’arrière sous l’effet d’une accélération, et sur la façon dont certaines forces peuvent avoir un effet sur le cadre. L’une des erreurs commises par de nombreux fabricants de vélos est d’essayer de concevoir un vélo d’abord pour une raison visuelle ou de fabrication, puis d’espérer faire fonctionner la suspension. Lors de la conception d’un vélo à suspension, la toute première chose à faire est une disposition correcte de la cinématique de la suspension pour rouler correctement, puis les préoccupations visuelles et de fabrication viennent après.
BIKERUMOR : Alors, quelle est la conclusion à retenir ?
Avoir un vélo avec le bon Anti-Squat est à la fois facile et difficile. C’est facile parce que la plupart des marques conçoivent aujourd’hui leur vélo pour suivre la concurrence. Un vélo sans bon Anti-Squat ne pourrait tout simplement pas suivre et vous le sauriez assez vite (merci les médias sociaux !). Mais c’est difficile parce que les marques ne publient généralement pas de chiffre, s’appuyant plutôt sur des termes non descriptifs comme « bon » pour décrire leurs performances Anti-Squat.
Et, comme nos experts l’ont mentionné, différents types de vélos et de cyclistes auront besoin de différentes choses. Des terrains différents bénéficient de conceptions différentes, également. Par exemple, si vous avez des montées techniques qui vous font souvent quitter la selle, alors vous voulez probablement un peu moins pour que la roue arrière puisse suivre le terrain même si vous pédalez fort. Mais cela signifie que vous risquez d’avoir plus de balancement des pédales lorsque vous pédalez fort sur les sections plates. En concevant les caractéristiques Anti-Squat dans la cinématique plutôt que de compter sur un amortissement ferme à basse vitesse, vous pouvez obtenir une suspension souple lorsque vous flottez sur les petites choses tout en résistant au bob de pédale.
Comme toujours, nous vous recommandons de rouler sur autant de vélos différents que possible avant d’acheter. Recherchez les horaires des démonstrations sur les sites Web de vos marques préférées, rendez-vous à des événements tels que le Northstar Free-Ride Festival d’Interbike ou Outerbike pour goûter au smorgasbord, et voyez ce qui vous convient le mieux.
Rester à l’écoute, la semaine prochaine nous explorerons l’Anti-Rise…
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