Jean Anouilh

Jean Anouilh (23 juin 1910 – 3 octobre 1987) était l’un des principaux dramaturges français du XXe siècle. Il était surtout connu pour ses compétences dramaturgiques et l’accent mis sur l’artisanat littéraire. Ses œuvres les plus connues comprennent une version actualisée d’Antigone et Becket, ou l’honneur de Dieu. Anouilh s’est éloigné des éléments dominants du théâtre moderne, le réalisme et le naturalisme, pour privilégier des préoccupations plus artistiques. Ses pièces reprennent certains éléments du théâtre shakespearien, notamment l’utilisation de flashs avant et arrière, ainsi que la technique de la « pièce dans la pièce ». Dans ses œuvres précédentes, il a examiné la relation de l’individu dans la société moderne et le conflit entre les désirs individuels et les préoccupations sociales. Son traitement actualisé d’Antigone représente l’élément extrême de l’individu qui ne se plie pas à la pression sociale et qui paie un lourd tribut à son entêtement.

Vie et œuvre

Il est né à Cérisole, un petit village de la banlieue de Bordeaux et avait des ancêtres basques. Son père était tailleur et Anouilh a soutenu qu’il avait hérité de lui la fierté d’un travail artisanal consciencieux. Il doit peut-être son penchant artistique à sa mère, une violoniste qui arrondissait le maigre budget de la famille en jouant l’été dans l’orchestre du casino de la station balnéaire voisine d’Arcachon.

Anouilh a fréquenté l’école primaire supérieure où il a fait ses études secondaires au collège Chaptal. Jean-Louis Barrault, qui deviendra plus tard un grand réalisateur français, y était élève à la même époque et se souvient d’Anouilh comme d’un personnage intense, plutôt dandy, qui remarquait à peine un garçon de quelque deux ans plus jeune que lui. Anouilh s’inscrit comme étudiant en droit à l’université de Paris, mais abandonne les cours après seulement dix-huit mois lorsqu’il trouve un emploi dans le secteur de la publicité. Il aimait ce travail et a parlé plus d’une fois avec une approbation ironique des leçons sur les vertus classiques de la brièveté et de la précision du langage qu’il a apprises en rédigeant des copies.

En 1932, sa première pièce, L’Hermine, écrite en 1929, a fait un flop, mais il l’a suivie d’une série d’autres. Il se débat dans des années de pauvreté en produisant plusieurs pièces jusqu’à ce qu’il finisse par se retrouver secrétaire du grand acteur-réalisateur Louis Jouvet. Il découvre rapidement qu’il ne peut pas s’entendre avec cet homme bourru et quitte sa compagnie. Pendant l’occupation nazie de la France, Anouilh ne prend pas ouvertement parti, mais il publie la pièce Antigone, souvent considérée comme son œuvre la plus célèbre. La pièce critique de manière allégorique le collaborationnisme avec les nazis. Se tenant le plus souvent à l’écart de la politique, Anouilh se heurte également à Charles de Gaulle dans les années 1950. Anouilh lui-même a regroupé ses pièces sur la base de leur tonalité dominante : « noir » (tragédies et pièces réalistes), « rose » (où la fantaisie domine), « brillant » (« rose » et « noir » combinés dans des milieux aristocratiques), « cinglant » (pièces « noires » à l’humour amer), « costumé » (les personnages historiques y figurent), « baroque » et mes échecs (mes fours).

C’était un écrivain exceptionnel, doté d’une capacité unique à élaborer un large spectre de chefs-d’œuvre brillants. En 1970, son œuvre a été reconnue par le Prix mondial Cino Del Duca.

Anouilh a épousé l’actrice Monelle Valentin en 1931 et a eu peu après un enfant. Il est mort à Lausanne, en Suisse.

Antigone

Antigone est une tragédie inspirée de la mythologie grecque et de la pièce de théâtre du même nom (Antigone, de Sophocle) du Ve siècle avant notre ère. En anglais, elle se distingue souvent de son antécédent en étant prononcée dans sa forme originale française, approximativement « Ante-GŌN. »

La pièce a été représentée pour la première fois à Paris le 6 février 1944, ce qui n’est pas anodin pendant l’occupation nazie. Une comparaison est parfois établie entre l’occupation française et la pièce, le personnage d’Antigone représentant les membres courageux de la résistance française, tandis que son oncle Créon représente les collaborateurs des occupants allemands, cependant cette interprétation est quelque peu simpliste, et n’est pas extrêmement utile pour comprendre les thèmes plus profonds de la pièce.

Tout comme dans le mythe et la pièce originale, l’action suit la bataille pour Thèbes dans laquelle les deux frères d’Antigone ont été tués. Créon, devenu roi, a décrété que si le frère d’Antigone, Etéocle, devait recevoir l’habituelle sépulture respectueuse, Polynice devait être laissée en charogne pour les charognards. Antigone choisit de tenter d’enterrer Polynice, et est amenée devant Créon comme prisonnière. Créon tente d’ignorer l’offense, peut-être parce qu’Antigone est fiancée à son fils Hémon, mais Antigone refuse qu’on lui refuse la responsabilité de ses actes, qu’ils soient considérés comme coupables ou méritoires. Un rebondissement dans cette version est que Créon n’est pas certain et ne se soucie pas de savoir quel corps gît sur le pavé, et a décidé que ce serait Polynice. Ainsi, la noble cause qu’Antigone défend dans le drame de Sophocle est ici mise à mal. Antigone ne choisit plus noblement la mort ; dans la pièce d’Anouilh, elle rejette la vie comme étant désespérément dénuée de sens, mais sans choisir positivement une mort noble. Le point central de la pièce est le long dialogue entre Créon et Antigone sur la nature du pouvoir, du destin et du choix, au cours duquel Antigone dit :  » Je crache sur ton bonheur ! Je crache sur votre idée de la vie, cette vie qui doit continuer, quoi qu’il arrive. Vous êtes tous comme des chiens qui lèchent tout ce qu’ils sentent. Vous, avec votre promesse d’un bonheur banal, à condition qu’on ne demande pas grand-chose à la vie. Je veux tout de la vie, vraiment ; et je le veux maintenant ! Je la veux totale, complète : sinon, je la rejette ! Je ne serai pas modéré. Je ne me contenterai pas de la part de gâteau que vous m’offrez si je promets d’être une bonne petite fille. Je veux être sûre de tout aujourd’hui même, sûre que tout sera aussi beau que lorsque j’étais petite fille. Sinon, je veux mourir ! »

Bien qu’Anouilh ait basé sa pièce sur celle de Sophocle du même nom, il y a des différences significatives. Celles-ci comprennent l’absence du prophète aveugle Tirésias (qui était central dans l' »Antigone » de Sophocle), la substitution des Odes chorales à un seul personnage représentant le chœur, et l’ajout d’une nourrice qui prend soin des deux filles d’Œdipe.

Analyse

Dans plusieurs de ses pièces, Jean Anouilh présente à son lecteur la dichotomie frappante et inéluctable entre de l’idéalisme et du réalisme. Pucciani nous dit que « chez Anouilh, il n’existe pas de terrain intermédiaire d’ambiguïté où ce conflit est résolu. » On peut le constater dans sa pièce Le Voyageur Sans Bagages, où le personnage principal, Gaston, est un ancien combattant de la Première Guerre mondiale qui souffre d’amnésie. Il ne se souvient pas de son passé qui était rempli de sa dépravation morale (il a couché avec la femme de son frère et a gravement blessé son meilleur ami, entre autres exemples). Cette dépravation morale est invariablement en contradiction avec l’extrême pureté dont il fait preuve aujourd’hui et constitue l’antithèse de son passé. Dans une autre pièce, L’Hermine, le personnage principal se retrouve dans un monde hostile à son idéalisme romantique. Dans L’Hermine, l’amour est amené à mener une bataille inexorable et futile contre l’argent, le statut social, l’ambition et le laxisme moral.

Une grande partie de l’œuvre de Jean Anouilh représente la bataille entre l’idéalisme et le réalisme, entre l’individu, dépeint comme un romantique sans espoir, et la société, enfermé dans une bataille perpétuelle parce que son désir ne peut pas être satisfait dans et par la société. Dans certaines œuvres, comme ses Pièces Roses, le protagoniste trouve un compromis – non pas idéal – mais un compromis acceptable avec lequel il peut vivre sa vie. Mais dans les Pièces Noires d’Anouilh, la bataille est perdue dès le début et le personnage est voué à un destin déchirant.

Legacy

Anouilh était l’un des maîtres techniciens du drame moderne. Son influence s’étendra au-delà de la scène française et il gagnera une réputation internationale pour ses meilleures pièces. Surtout dans ses dernières œuvres, il a commencé à traiter les éléments absurdes de la situation difficile de l’homme et a influencé le développement du théâtre de l’absurde.

Ouvrages

  • L’Hermine (1931)
  • Mandarine (1933)
  • Y avait un prisonnier (1935)
  • Le voyageur sans bagage (1937)
  • .

  • La sauvage (1938)
  • Le Bal des Voleurs (1938)
  • Léocadia (1940)
  • Eurydice (1941)
  • Le rendez-vous de Senlis et Dîner en famille (1941)
  • Antigone (1942)
  • Roméo et Jeannette (1946)
  • L’Invitation au Château (1947)
  • Ardèle ou la Marguerite (Ardèle ; Ardèle ou la Marguerite (1948)
  • La répétition ou l’amour puni (1950)
  • Colombe (1951)
  • La valse des toréadors (1952)
  • La valse des toréadors (1952) Toréadors) (1952)
  • L’Alouette (1952)
  • Ornifle ou le courant d’air (1955)
  • Pauvre Bitos ou le dîner de têtes (1956)
  • Pauvre Bitos, or The Masked Dinner) (1956)
  • L’hurluberlu ou le réactionnaire amoureux (The Fighting Cock) (1959)
  • La petite Molière (1959)
  • Becket ou l’honneur de Dieu (Becket or The Honor of God) (1959)
  • La Grotte (The Cavern) (1961)
  • Le boulanger, la boulangère et le petit mitron (1968)
  • Cher Antoine; ou l’amour raté (Dear Antoine; or The Love that Failed) (1969)
  • Les poissons rouges; ou Mon père, ce héros (The Goldfish) (1970)
  • Tu étais si gentil quand tu étais petit (You Were So Nice When You Were Young) (1972)
  • Monsieur Barnett (1974)
  • L’Arrestation (1975)
  • Chers zoizeaux (1976)
  • Vive Henri IV (1978)
  • La Culotte (1978)
  • La Foire d’empoigne (Catch as Catch Can) (1979)
  • Le Nombril (The Navel) (1981)

Notes

  1. Jean Anouilh (1910-1987) Retrieved December 18, 2007.
  • Alba, Marie Della Fazia. Jean Anouilh. Twayne Publishers, 1969. OCLC 70296
  • Archer, Marguerite. Jean Anouilh. Columbia University Press, 1971. ISBN 9780231033466
  • Falb, Lewis W. Jean Anouilh. F. Ungar Pub. Co., 1977, ISBN 9780804421898

Tous les liens ont été récupérés le 1er mai 2018.

  • Jean Anouilh à l’Internet Movie Database.

Credits

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