L’Encyclopédie du Premier Amendement
Anthony Comstock a organisé un groupe anti-vice pour partir en croisade contre la pornographie et faire passer la loi Comstock, rendant illégal le transport de matériel « obscène, lubrique ou lascif » par la poste. (Image via Wikimedia Commons, domaine public)
Anthony Comstock (1844-1915), réformateur opiniâtre, a imposé ses valeurs victoriennes à des États-Unis en pleine urbanisation, parfois au mépris des protections offertes par le Premier amendement.
Né à New Canaan, dans le Connecticut, Comstock a été élevé dans une famille religieuse stricte. Il s’est battu pour l’armée de l’Union pendant la guerre civile et s’est ensuite installé à New York, où il a trouvé un emploi de porteur de maison de commission. Consumé mais aussi consterné par la vie urbaine, il se donne pour mission de refortifier la moralité américaine.
La loi Comstock limitait l’envoi de matériel obscène
En 1873, Comstock organise une branche new-yorkaise indépendante de la Société londonienne pour la suppression du vice. Cette société mène une croisade contre la pornographie et persuade le Congrès d’adopter une loi fédérale, connue sous le nom de Comstock Act, rendant illégales le transport et la livraison de matériel « obscène, lubrique ou lascif ».
Utilisant sa position d’agent postal, Comstock se met alors en devoir de veiller à l’application de la loi. Passant au crible le courrier à la recherche de matériel inapproprié, Comstock et ses collègues affirmèrent plus tard avoir détruit 160 tonnes d’obscénités.
Les efforts de Comstock ont violé les libertés du Premier Amendement
Peu troublé par l’impact de ses efforts sur la liberté d’expression et la liberté de la presse, Comstock a même essayé d’arrêter la circulation de certains manuels d’anatomie. Il se retourna également contre les livres d’aventure et les romans d’amour, sur la théorie selon laquelle ils corrompaient la jeunesse américaine.
En 1905, il tenta de supprimer Mrs. Warren’s Profession, une pièce de George Bernard Shaw prétendument sympathique à la prostitution. Bemus ainsi qu’offensé par l’étroitesse d’esprit de Comstock, Shaw a inventé le terme de comstockerie pour désigner les activités de censure pudibondes.
Comstock a essayé de construire la moralité américaine
Comstock n’aimait pas les jeux d’argent et les prises de chance et a contribué à mettre fin à la loterie de Louisiane, la seule loterie légale du pays à l’époque. Il s’opposait également à l’utilisation de médicaments et de dispositifs de contrôle des naissances et a joué un rôle dans la criminalisation de l’avortement à la fin du 19e siècle par diverses législatures d’État.
Au début du 20e siècle, Comstock écrivait des articles de journaux et faisait la morale aux étudiants des collèges sur ce qu’il considérait comme leur égarement. Tard dans sa vie, Comstock a influencé un étudiant en droit nommé J. Edgar Hoover par sa détermination et ses méthodes.
Cet article a été initialement publié en 2009. David Ray Papke est professeur de droit à l’université Marquette de Milwaukee, dans le Wisconsin, et enseignant et spécialiste de longue date de l’histoire du droit américain.
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